Page:Du Deffand - Correspondance complète de Mme Du Deffand, tome 1.djvu/350

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on a des amis à tous prix, et pour ne pas valoir cinquante francs, on n’est pas à dédaigner. Oh ! réellement, je suis un peu en colère.

Adieu, je n’ai plus rien à dire si ce n’est au petit oncle ; je veux absolument qu’il m’aime.


LETTRE CXXX


DE L’ABBÉ BARTHÉLÉMY À MADAME DU DEFFAND


1er juin 1769.

Le grand-papa arriva avant-hier matin à sept heures et demie. La grand’maman en fut très-aise et tout le monde aussi. Hier, il plut toute la journée, et l’on put à peine se promener un moment dans l’après-dinée ; il fait un peu plus beau aujourd’hui, mais le vent a succédé à la pluie. Il part demain au soir, le grand-papa, pour être au conseil dimanche : il se porte à merveille ; il aime la petite-fille autant que la grand’maman.

Outre la société ordinaire, nous avons ici M. de Poyane qui est arrivé hier, M. le comte de Talleyrand, et M. de Chatelux, neveu du chevalier, qui, en passant pour aller à leur régiment, se sont arrêtés pour faire leur cour à leur ministre. Je n’ai point de nouvelles à vous donner, parce que nous sommes sans événements. J’espère que vous aurez la bonté de me parler de cette lecture dont M. Guillemet serait jaloux. Je croirais que c’est celle des saisons, si nous ne l’avions pas coulée à fond ; j’imagine que c’est la relation de Russie par M. de Rulhières ou son épître sur la dispute. J’ai entendu la première qui m’a enchanté ; je ne connais pas la seconde, mais on m’en a dit un bien infini et je suis très-porté à le croire. Comme le courrier va partir, que je n’ai point averti que je vous écrirais ce matin, personne en particulier ne m’a chargé de vous faire des compliments ; je puis vous attester que vous n’êtes aimée nulle part autant qu’à Chanteloup.