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exemples d’un recueil d’histoires courtes & à la portée des enfants, qu’on doit leur faire apprendre pour les former aux bonnes mœurs. 3° L’examen des étudiants qui aspirent aux divers degrés, & comment il se doit faire. 4° Le modèle d’un discours tel qu’on peut le faire dans le Hio, ou salle des assemblées des lettrés. 5° Le projet & les règlements d’une académie ou société de savants.

De la littérature chinoise.

On donne le précis de ces livres si anciens, & que les Chinois révèrent infiniment tant à cause de leur ancienneté, que pour l’excellente doctrine qu’il prétendent y être enseignée. Ils les appellent Ou-King, c’est-à-dire les cinq livres par excellence. Ces livres qu’ils regardent comme canoniques du premier ordre sont :

L’y-King qui est un ouvrage purement symbolique, dont on donne la connaissance qu’en ont les Chinois.

2° Le Chu-King, qui contient ce qui s’est passé de mémorable sous les premiers empereurs & législateurs de la nation chinoise, leurs instructions sur le gouvernement, leurs lois, & leurs règlements pour les mœurs, dont ces premiers héros ont été autant de modèles. Outre le précis qu’on donne de la doctrine de ce livre, on en rapporte divers extraits.

3° Le Chi-King, qui contient des odes ou des poésies où l’on fait l’éloge des hommes illustres, & où l’on établit les lois & les coutumes de l’empire. On a fait choix de quelques-unes de ces odes qu’on a fidèlement traduites.

4° Le Tchun-tsiou, qui est inférieur aux trois premiers, mais qui ne laisse pas d’être fort estimé des savants. Il contient les annales du royaume de Lou, maintenant la province de Chan-tong.

5° Le Li-ki, qui est comme un mémorial des lois, des cérémonies, & des devoirs de la vie civile.

Après avoir fait le précis de ces livres, qui sont d’une antiquité très reculée, & qu’on appelle Canoniques du premier ordre, on vient aux quatre livres classiques ou Canoniques du second ordre, appelés Sse-Chu lesquels ne sont à proprement parler que des explications & des maximes fondées sur ces anciens monuments. Ces livres sont de Confucius, ou ont été recueillis par ses disciples des maximes & des entretiens de ce philosophe. On suit par ordre les chapitres ou les articles de chacun de ces livres, & l’on donne en abrégé ce qu’ils ont de plus essentiel.

On commence d’abord par la vie de Confucius ce célèbre philosophe, que les Chinois regardent comme leur maître, & pour lequel ils ont la plus profonde vénération.

On vient ensuite à ses ouvrages. Le premier, s’appelle Ta-hìo ; c’est-à-dire, la grande science, ou la science des adultes.

Le second, se nomme Tchong-yong, qui signifie le milieu immuable, ce juste milieu qui se trouve entre deux choses extrêmes, & en quoi consiste la vertu.

On nomme le troisième, Lun-yu, c’est-à-dire discours moraux & sentencieux.

Le quatrième, est intitulé Meng-tsee ou livre du philosophe Mencius, qui donne l’idée d’un parfait gouvernement.

Après avoir parlé de ces quatre livres, on passe à deux autres qui sont fort estimés, & que les Chinois mettent au nombre des livres Classiques.

Le premier, s’appelle Hiao-King ; c’est-à-dire, du respect filial, & contient les réponses que fit Confucius à son disciple Tseng.

Le second, se nomme Siao-Hio, qui signifie la science ou l’école des enfants.

C’est là proprement ce qu’on appelle la science chinoise, qui renferme les principes fondamentaux de leur gouvernement, & qui maintient un si bel ordre dans l’empire. Cette partie qui pourrait paraître sèche & ennuyeuse, sera peut-être celle qui occupera le plus agréablement le lecteur, & on se persuade que l’ingénieux écrivain[1] des Œuvres mêlées, s’il vivait encore, changerait de sentiments & d’idée sur la doctrine du célèbre philosophe Confucius.

Mais comme on pourrait se figurer que le gouvernement de la Chine, appuyé d’abord sur ces principes, a dû s’affaiblir pendant

  1. Saint-Évremond.