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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/134

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FANTÔMES BRETONS


bedeau eût pu désavouer. C’était un conteur en partie double. Son excuse est dans la naïve morale qu’il essayait de répandre au milieu de ses tableaux fantastiques.


I

Il y avait autrefois, du côté de Plouguer, là-bas, sur le bord de l’Aulne, au-dessous de Carhaix, un village habité par des païens qui adoraient des dieux, des demi-dieux, des déesses, des diablesses, et un tas de vilaines choses. J’ai entendu dire par des savants que leurs chefs s’appelaient Druides. C’étaient des magiciens ou sorciers qui, pour savoir l’avenir, coupaient du gui sur les chênes avec des faucilles d’or. Mais, pour deviner l’avenir, ces affreux sorciers ne se contentaient pas de cueillir du gui, ils faisaient mourir sur les tables de pierre, que l’on voit encore sur nos landes, des victimes humaines, des chrétiens surtout, qui étaient leurs plus grands ennemis.

Dans ce temps-là, la croix de Notre-Seigneur n’avait pas encore trois cents ans. Vous voyez que mon histoire est plus vieille que Mathusalem : n’importe, les vieilles choses valent bien les neuves, comme disait le vieux Bornik, sacristain et fossoyeur du monastère.

Le druide, chef du village de Plouguer, s’appelait Comorre. Il avait un fils, guerrier généreux, nommé Trémeur, qui ne voyait qu’avec pitié les cérémonies de ces maudits païens.

Un soir, après une bataille, on amena des prisonniers au village. Ils furent enfermés dans des grottes de pierre, au fond desquelles on les enchaîna. Ce soir-