Voyaient toujours en moi de quoi me redouter
Ils craignaient mon courage, ils craignaient ma constance,
Quand ils ne craignaient plus ma force et ma puissance.
Ce pendant aujourd'hui qu'une profonde paix
Semble de tous ses biens assouvir mes souhaits,
Dans mon âme tremblante il se forme un orage,
Où se perd ma constance, où se perd mon courage ;
Et parmi cet effroi mon esprit abattu
Cherche et ne trouve pas sa première vertu.
Si mon bras combattant pour votre seule gloire,
A pour vous remporté victoire sur victoire,
Si je vous ai fait voir par un coeur enflammé
Que le sang qui m'anime est par vous animé,
Pensez-vous que la paix qui règne en cette terre
Nous ait fait oublier le métier de la Guerre ?
Si d'autres ennemis vous viennent sur les bras,
Commandez-moi de vaincre, et ne vous plaignez pas.
Il m'est, il m'est honteux et de voir vos alarmes,
Et de vous ouïr plaindre où reluisent mes armes.
Que n'obtiendrez-vous pas contre un plus grand tourment
Et du bras d'un Monarque, et du coeur d'un Amant ?
Tout ; et ce que je crains, c'est que ton grand courage