Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/45

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Trasile

Puisque vous le voulez je prendrai ce fardeau,

Que je trouve déjà plus pesant qu'il n'est beau.

Nous recevrons un Trône afin de le défendre,

Et nous le défendrons afin de vous le rendre.

Oui, je vous le proteste en présence des Dieux,

Qu'aujourd'hui je n'accepte un Trône glorieux

Qu'afin de vous le rendre en frère incomparable,

Par la perte d'Arcas plus puissant et plus stable.

Poliante

Ô frère généreux et digne de sa soeur !

Lequel, ô justes Dieux, fait voir un plus grand coeur,

Lequel est plus Illustre, ou bien celle qui donne,

Ou bien celui qui rend le Sceptre et la Couronne ?

Ce sont là des vertus que n'inspirent les Cieux

Qu'à ceux qu'ils veulent mettre au nombre de leurs Dieux.

Mais que sans y penser je tire d'avantage

Et de votre action et de votre courage.

Au moins je ferai voir qu'un Sceptre fortuné

N'a point produit l'amour que vos yeux m'ont donné.

Vous quittez vos Grandeurs et votre Diadème,

Vous quittez un Empire, et pourtant je vous aime.

Au lieu que mon Amour, dont le vôtre est le bien,