Non, non, passe plus loin, j'aime un grand Prince en toi,
Mais ce n'est pas assez, j'y veux aimer un Roi.
Que je prends de plaisir au vol où je m'engage,
À te voir aujourd'hui douter de mon courage,
Puisque j'apprends au moins par ce doute amoureux
Qu'en suivant mes désirs j'obéis à tes voeux.
Pourrais-je mériter les fruits de la victoire,
S'il fallait m'exciter à courir à la gloire
Non, non, j'ai pour aller où va ma passion
Les ailes de l'amour et de l'ambition.
Tu veux aimer un Roi, généreuse Proxène,
Et moi je veux périr si je n'aime une Reine.
La Fortune n'a point d'empêchements si forts,
Qui ne soient au-dessous de mes moindres efforts.
Ce sacré nom de Soeur, et de Soeur adorable,
N'a pour moi rien de saint, ni rien de vénérable.
Les Sceptres sont à ceux qui peuvent les ravir,
Et leur excuse ensuite est de s'en bien servir.
Il faut que mon Amour enlève une Couronne,
Et pour me satisfaire il faut qu'il te la donne ;
Et s'il ne te couronne, et s'il n'est couronné,
Il mérite ta haine où je l'ai condamné.
Tu veux donc, me dis-tu, la Grandeur Souveraine,