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Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/69

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Euristène

C'est exciter la haine et l'attirer sur moi,

De parler sans témoins contre un si puissant Roi ;

Mais c'est me rendre aussi justement détestable,

De laisser l'innocent apparemment coupable.

Arcas, sorti des Rois vos illustres aïeux,

A paru trop longtemps criminel à vos yeux ;

Et c'est à mon avis gagner une victoire,

De rendre à l'innocent son estime et sa gloire.

Je ne vous dirai point qu'après un long effroi,

L'on perdit la bataille, où demeura le Roi ;

Que le mal fut si grand et la déroute telle,

Que jamais le Soleil n'en vit de plus cruelle,

Tout le monde oublia son courage et son coeur,

Et chacun prit la fuite où le poussa la peur.

Pour moi, voyant mon sang couler de cent blessures,

Et de tous les côtés de tristes aventures,

Je gagnai de grands bois, où chancelant d'abord,

Parmi quelques buissons je tombai comme mort.

Si j'y fus bien longtemps, je ne saurais le dire ;

Remarque-t-on le temps au point que l'on expire ?

Mais enfin un grand cri qui perça tout ce bois,

Rappelant mes esprits, me tira des abois.

Je lève un peu la tête ; à peine puis-je croire

Ce que me montre ici ma funeste mémoire,