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PERVERSE

Bien avant dans la nuit, isolée dans la batiste et la soie mauve du somptueux hôtel qui la possédait, Paula, rêvant, entendait chanter les pipeaux des anges, murmurer les harpes sous le frôlement de leurs ailes ; elle voyait les sourires des chevaliers et des marquises se mêler dans leurs baisers, sous leurs bras arrondis, tandis que doucement, candidement, ils dansaient autour de son sommeil.

Le matin, elle se souvenait du songe, mais le songe n’avait pas troublé sa candeur.

Elle restait, même dans ses rêves, terriblement, l’immaculée.

Elle apprit un jour qu’une de ses amies d’enfance venait d’avoir un bébé ; elle visita la mère et l’enfant. Quand elle rentra chez elle, elle alla trouver son père et lui dit :

— Mary Kante a une petite fille, je veux en avoir une aussi.

Son père éclata de rire et lui répondit :

— Marie-toi.

Je ne veux pas me marier et je veux