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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/207

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PERVERSE

fille soumise, deux lettres qu’elle avait oubliées, deux lettres qui l’avaient suivie à Bordeaux et que la police connaissait encore lorsqu’elle fit la connaissance de Gaston de Plombières. Que dirait Johnson lorsqu’il verrait, au lieu de Suzanne de Chantel, écrit son véritable nom, Marie Claudin (F. S.), oui, avec les deux horribles lettres, sa marque ?

Tout à coup, une idée, rapide comme l’éclair, traversa son esprit. Et contente, elle poussa un profond sourire de soulagement.

— Tu me connais mal, Johnson, dit-elle presque bas comme à un aveu dont on doit avoir honte. Je suis une fille naturelle, je n’ai point de père ni de mère, officiellement ; je ne sais où je suis née, je ne me souviens pas de ceux qui m’ont élevée. Jamais je n’avais pensé qu’on voudrait m’épouser, moi. Je me rappelle seulement qu’à sept ou huit ans j’étais déjà jolie, que j’habitais dans une grande ville où il y avait beaucoup de bateaux ; puis encore, je