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PERVERSE

pipeaux n’eurent même pas les incolores vibrations qui tourmentent les brises, les soirs de mai.

Puisque les rêves se refusaient, Paula courut à l’amour. Elle chercha l’homme qui serait son amant. Quel serait-il ? N’importe lequel ! Il lui fallait une bête avec les ornements du mâle.

Car, maintenant, elle comprenait l’erreur de sa jeunesse et l’imbécilité de l’innocence.

Le sang, longtemps paisible, bouillonnait dans ses veines, soulevait son cœur sous sa poitrine plate, et réclamait les châtiments de baisers qui lui étaient dus et que la nature lui ordonnait d’accepter. Paula sentit qu’elle était femme, qu’elle avait des sens affamés. Elle raisonna sa vie future, sans la pouvoir préciser, mais elle entrevit la possibilité d’atteindre aux degrés virtuels des suprêmes satisfactions physiques, plus idéales que physiques, à la hauteur desquels se mouvaient les ruts.

Le désir d’amour se grandit à la majesté d’une religion.