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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/311

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PERVERSE

Le valet s’inclina et sortit.

— Vous êtes soldat ? dit Paula.

— Dame ! il me semble que ça se voit.

— C’est un bon métier ?

— Il y a des heures, celle-ci, par exemple ; mais tu sais, à Madagascar, c’était pas rigolo, au Sénégal non plus, il fait chaud, il fait soif, et… Mais, toi, qu’est-ce que tu fais.

— Je suis Américaine.

— C’est pas une profession, ça ! C’est comme si, quand tu m’as demandé si j’étais soldat, j’avais répondu : Je suis de Grenelle. Ça t’intimide que je te demande ton état, je comprends-ça, et puis, je suis un imbécile, ça se voit ton état, n’est-ce pas ? Ce sont des professions qui se démontrent et qui ne se disent pas.

Elle n’avait pas répondu.

D’ailleurs, sur un plateau d’argent, le domestique apportait le Pernod-sucre.

— Tu ne prends rien, toi ?

— Non, je ne prends rien.

— Allons, je vais faire Suisse ! J’aime pas