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PERVERSE

s’était cambrée, sur le tombeau du viol demandé, et sa gorge s’était soulevée à la peur sanglante aussi bien qu’à la pâmoison. Mais le délire charmant avait eu la victoire ; et, au lendemain, elle regretta le mal de la première minute qui s’était métamorphosé, sous la tiédeur des caresses et le miel du baiser, parce qu’elle savait, de divination, qu’elle n’aurait plus, jamais, à parcourir ce chemin fleuri, où les pas d’initiation avaient eu des épines, pour la savoureuse consommation des baumes d’amour divin.

Il lui faudrait donc, maintenant, marcher à travers des roses, sans plus s’ensanglanter les doigts. Ce serait la cueillette du plaisir dépourvue du contraste dans lequel palpite l’effroyable nausée passionnelle avec des étincelles de magnifique dégoût.

Elle aurait voulu que des trompes chantantes eussent zébré le ciel de modulations de cuivre, et, qu’emportés par les vents en tempête, les accents de triomphe heurtés aux sonores échos, renvoyés de monde en monde, à travers les océans, dans l’argent