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PERVERSE

doigts inhabiles… Tous n’ont pas la science du plaisir.

— Et vous… dit-elle.

— Je l’ai conquise. Je l’ai voulu conquérir parce que, de bonne heure, j’ai su comprendre que dans la caresse tenait toute la vie. C’est là seulement que se trouve concentré le bonheur humain. Toutes les autres joies matérielles, toutes les autres joies idéales, que sont-elles, si on les compare aux magnifiques abîmements dans lesquels s’engouffrent les êtres ? Que deviennent-elles, ces pauvres joies ? En revanche, l’amour brutal comprend l’idéal parce qu’il comprend tout. Le cœur s’émeut, sans s’en rendre compte, quand les nerfs chantent ; l’esprit s’éveille pour les projets et les ambitions quand le plaisir permet un repos. C’est du plaisir que naissent toutes les forces morales, et c’est par lui aussi que se perpétue l’humanité.

Et devenu philosophe :

— Croiriez-vous, madame, dit-il encore, qu’on ose se plaindre dans notre pays, chez