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IX
ET L’HÔTEL DE CLUNY

Dès ce jour, la communication qui reliait jadis les ruines du Palais des Césars et la résidence des abbés de Cluny a été rétablie. Les galeries de l’Hôtel, défigurées depuis deux siècles et transformées en appartements modernes, ont été remises dans leur état primitif ; les sculptures ont été dégagées et restaurées ; les collections d’objets d’art, classées et dispo-

    Dès le mois d’août 1842, date de la mort de M. du Sommerard, de nombreuses propositions avaient en effet surgi pour la cession de la collection réunie par ses soins et dont la réputation était depuis longtemps européenne. Mais dès la première ouverture qui lui fut faite par le ministre de l’intérieur, M. E. du Sommerard fils, qui avait dû se rendre à Londres en présence d’offres pressantes qu’il n’était pas possible de décliner à moins d’une proposition de la part du gouvernement français, rompit sans hésiter toute négociation et revint immédiatement à Paris.

    La somme que proposait le gouvernement était loin cependant du prix offert d’autre part à la famille et ne dépassait pas deux cent cinquante mille francs. Elle fut acceptée sans hésitation.

    Peu de temps après, le jour même où la Chambre des députés allait être saisie du projet de loi, on s’aperçut qu’une erreur de toisé s’était produite au détriment du propriétaire de l’immeuble dans l’estimation faite par l’honorable M. Visconti des bâtiments de l’Hôtel de Cluny. Le ministre tenait à ne pas augmenter le chiffre prévu pour l’ensemble des deux acquisitions et demanda à Mme Ve du Sommerard si elle voulait bien consentir à une nouvelle réduction de cinquante mille francs sur le chiffre de 250,000 qui avait été convenu précédemment. Mme du Sommerard, en présence d’une proposition qui réduisait d’un cinquième le modeste avoir que lui assurait la vente de la collection, n’hésita pas du moment où il s’agissait de réaliser le vœu de son mari et donna son entière adhésion à la réduction proposée, sur l’engagement formel pris itérativement par le ministre que la collection du Sommerard serait conservée en bloc et non disséminée dans les autres collections publiques et que la direction en serait confiée, sous l’autorité de la Commission des monuments historiques, et sa vie durant, au fils du fondateur, qui avait, depuis bien des années, collaboré aux travaux de son père et avait largement contribué à la formation de ce vaste ensemble. Hâtons-nous d’ajouter que ces engagements ont été strictement remplis, puisque, dès le mois qui a suivi l’acquisition par l’État, M. du Sommerard fils était chargé de l’organisation du nouveau musée et attaché, à ce titre, à la Commission des monuments historiques et plus tard, sous l’empire, quand il s’est agi de fonder le Musée des souverains, fondation qui a atteint toutes les collections publiques, l’intégralité de la collection du Sommerard a été scrupuleusement respectée.

    La loi du 24 juillet 1843 fut votée à une majorité considérable, sur le rapport de l’illustre Arago, député des Pyrénées-Orientales, rapport qui démontrait avec une élévation d’idées tout à fait remarquable, les avantages que la fondation du nouveau musée devait présenter, non seulement au point de vue de l’étude des monuments de notre histoire nationale, mais à celui plus pratique encore de l’éducation de nos artistes et de nos artisans, éducation dont « elle devait être le magnifique complément », suivant l’expression du savant rapporteur (séance du 17 juin 1843, rapport de M. Arago).