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XVI
LE PALAIS DES THERMES

une petite pièce d’une construction remarquable. Elle s’élève au-dessus d’un caveau dont elle n’est séparée que par une voûte plate, sans voussures ni arêtes, et dont toute la force réside dans la cohésion du ciment. À droite était située une autre petite salle, qui a été défoncée sans doute pour y pratiquer un escalier moderne descendant aux caveaux et supprimé depuis. Cette pièce était probablement découverte, afin de donner passage à la lumière, par suite du changement d’axe des deux grandes parties de l’édifice.

De ces petites pièces on arrive au tepidarium, dépouillé de ses voûtes et orné de ses niches en hémicycle. Dans cette salle, qui forme aujourd’hui l’extrémité des ruines du côté du boulevard Saint-Michel, on trouve, en descendant quelques marches, une construction massive en briques plates, dans un état de calcination remarquable. Cette masse constitue les fondations de l’hypocaustum, placé plus ordinairement au centre de la salle des bains, dans les thermes antiques de Rome et de l’Italie. Les eaux arrivaient à cet hypocauste de la manière que nous avons indiquée plus haut, et séjournaient dans un réservoir situé probablement sous l’allée qui monte au boulevard. L’eau de ce réservoir allait s’échauffer dans les vases placés au-dessus des fourneaux, et de là elle se distribuait dans les baignoires disposées au-devant de chacune des niches.

Derrière cet hypocauste est un conduit romain d’une profondeur de deux mètres et qui servait de canal, soit pour l’arrivée des eaux, soit pour leur décharge.

Les restaurations en pierre de taille que l’on remarque sur le mur de cette salle faisant face au boulevard, ont été exécutées comme travaux de soutènement et de consolidation, en 1820, sur la demande du duc d’Angoulême. À la même époque a été détruit le jardin qui couronnait l’édifice, et qui, semblable aux jardins suspendus des temps antiques, était planté d’arbres de haute taille.

Outre ces beaux débris du palais antique, il existe encore dans les jardins de l’Hôtel de Cluny des traces de salles entières, des souterrains et des caveaux qui ont pu être retrouvés lors des travaux d’isolement du Musée et constituent aujourd’hui l’ensemble des fondations romaines qui ont pu échapper aux ravages du temps et à la main des hommes.