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NOTES.

Puis, parmi ceux mis au rebut, dès le règne de Louis XIV, dont l’éclat et les reflets tout solaires exclurent la simplicité apparente des anciens mobiliers et leur substituèrent le chatoyement des marqueteries et le clinquant

    en bronze, bois, etc., dont ils s’occupent d’abord de tirer la quintessence immédiatement réalisable en bons escus au soleil, comme eut dit Rabelais. Que leur importe l’élégance de ces figurines, la forme de ces candélabres, aiguières, bras de cheminée, cadres, etc. ; la belle conservation de ces cuirs dorés (ou plutôt argentés et vernis) de Flandre ou de Cordoue (l’or basané des fabliaux), qui servirent si long-temps de tenture à nos pères ? Leur impitoyable creuset est là pour en recueillir l’huile essentielle sous la double action du feu et des acides. La manie du jour a du moins eu le bon effet de déplacer les calculs de nos Auvergnats. Aussi l’activité de la coupelle des dévoreurs est-elle sensiblement ralentie.

    D’autres causes très-nombreuses de destruction, ou du moins, d’exportation à l’étranger par les enfants d’Israël, résultent encore, dans les temps de guerre et de troubles civils, en fait surtout de bijoux, joyaux, crosses, petits reliquaires, camées, pierreries, etc., de l’ignorance de leurs possesseurs à titre gratuit.

    Sans parler des fruits du vol, il est souvent arrivé à la guerre, même de nos jours, où les connaissances utiles sont si répandues, que nos plus madrés fourrageurs ne se sont pas montrés plus experts sur la valeur de leurs parts de prise, que ces bons Suisses, dont Comines retrace la simplesse en fait de butin, après la chasse de Grandson, en disant :

    « Les despouilles de son ost (du duc de Bourgogne) enrichirent fort ces pauvres gens de Suisse, qui de prime face ne cogneurent les biens qu’ils eurent en leurs mains, et par especialles plus ignorans : un des plus beaux et riches pavillons du monde fut départy en plusieurs pièces. Il y en eut qui vendirent grand’quantité de plats et d’escuelles d’argent, pour deux grands blancs la pièce, cuidant que fust estain. Son gros diamant (qui étoit un des plus gros de la chrestienté) où pendoit une grosse perle, fut levé par un Suisse et puis remis en son estuy, puis rejetté sous un chariot, puis le revint quérir et l’offrit à un prestre pour un florin. Cestuy-là l’envoya à leurs seigneurs qui lui en donnèrent trois francs. Ils gagnèrent trois balais pareils appellés les trois frères, un autre grand balai appellé la hotte ; un autre appellé la balle de Flandres (qui étoient les plus grandes et les plus belles pierres que l’on sceut trouver), et d’autres biens infinis, etc. » Le gros diamant devint le Sanci.