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NOTES.

jeux, ou dans des actes sans but, l’exaltation électrique de la gloire ou de l’amour jusqu’à l’oubli des convenances, l’inconséquence et la folie[1].

Ce que nous regrettons plus encore, et on nous en croira, d’après les idées d’art précédemment émises, auxquelles nous revenons enfin, c’est le rapport de goût

    lité, du moins des sentiments qu’elle inspire, en présence de son mari, couvert de confusion, mais qui, dit le poëme, ne faisait pas semblant de s’apercevoir de ce qui se passait.

  1. « À la fin d’un tournoi, dit Perceforest, vol. I, fo 155, les dames étoient si déçues de leurs atours que la plus grande partie étoit en pur chef, car elles s’en alloient les cheveux sur leurs épaules gisants, plus jeaunes que fin or, en plus, leurs cottes sans manches, car toutes avoient donné aux chevaliers, pour eux parer, et guimples et chaperons, manteaux et camises, manches et habits : mais quand elles se virent à tel point, elles en furent ainsi comme toutes honteuses ; mais si tôt qu’elles virent que chacune étoit en tel point, elles se prirent toutes à rire de leur aventure, car elles avoient donné leurs joyaux et leurs habits de si grand cœur aux chevaliers, qu’elles ne s’apercevoient de leur desnuement et devestement. »

    D’autres exemples de frénésie amoureuse, et d’extravagances moins concevables encore, se puisent dans le récit suivant, fait par le chevalier de La Tour, comme témoin des épreuves auxquelles se soumettaient les pénitents d’amour, confrérie de Galois et de Galoises répandue dans le Poitou, et dont le but, dit M. Nodier, était de prouver la force de leur passion par une opiniâtreté invincible à braver les rigueurs des saisons. Ils se couvraient en été, pendant les plus grandes chaleurs, de lourds manteaux et de chaperons doublés, et se chauffaient encore à de grands feux ; et l’hiver, ils ne portaient qu’une cotte simple, et ne se couvraient la nuit que d’une serge légère. « Si dura cette vie et ces amourettes grant pièce, jusques à tant que le plus de ceulx en furent mors et périls de froit ; car plusieurs transissaient de pur froit, et mouroient tout roydes de lez leurs amyes et aussi leurs amyes de lez eulx, en parlant de leurs amourettes et en eulx moquant et bourdant de ceulx qui estoient bien vestus, et aultres, il convenoit desserer les dents de cousteaulx, et les chauffer et frotter au feu comme roydes et engellez… Si ne doute point, ajoute La Tour, que ces Galois et Galoises qui moururent en cet estat, ne soient martyres d’amour. »