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NOTES.

conditions, inconciliables avec le caractère religieux de la confrérie, la détermina, dit-on, à faire exploiter, par des laïcs moins scrupuleux, le privilège exclusif que le même arrêt lui conserva, et que lui confirmèrent des lettres patentes de mars 1559, du roi Henri II. Ce prince avait déjà témoigné son goût pour ces nouveaux spectacles, en assistant en 1553, au collége de Reims, aux représentations de la Cléopâtre de Jodelle, la première pièce régulière de notre théâtre. (Voy. règl. du parlement, 14 décembre 1557, pour Huon de Bourdeaux.)

Sous Henri III, règne pendant lequel, dit l’Étoile, « la corruption étoit telle, que les farceurs, bouffons, put… et mignons, avoient tout crédit auprès du roi, » l’autorité royale contre-balança, si elle ne fit fléchir sous ce rapport, celle du parlement. Ainsi, lorsque les comédiens italiens surnommés gli Gelosi, appelés de Venise

    ture des états généraux, en 1561 : « Ce bon roi prenoit plaisir a ouir jouer farces et comédies, même celles qui etoient jouées en grande licence, disant que par là il apprenoit beaucoup de choses qui étoient faites dans son royaume et qu’autrement il n’eut pas seues. » Ce même roi, qualifié de chiche par les historiens contemporains, à raison de sa stricte économie dans l’intérêt de son peuple, ayant été mis en scène comme un malade qui demandait de l’or potable pour remède à ses maux, fut le premier à rire de cette saillie, qui prouvait, disait-il, la confiance qu’on mettait en sa bonté. La trace de la présence de Charles VIII, en 1489, aux jeux du cardinal Lemoine (collége) et à une représentation du mystère de saint Genou, donnée en 1491, dans la localité de ce nom, près de Tours, nous a été conservée par un compte des dépenses de la ville de Paris, rappelé par Félibien et Lobineau, et par un compte de dépenses de la cour pour les tapisseries employées à cette dernière occasion.

    Les clercs de la Basoche, qui obtinrent le droit de jouer, dans certaines circonstances, des moralités, sottises ou mystères, furent également en butte au parlement, qui suspendit leurs représentations par des arrêts de 1476 ; mais en 1480, ils parvinrent à placer leur théâtre sur la grande table de marbre du palais. Leurs moralités licencieuses, mais instructives, comme nous l’avons dit, pour les princes, leur valut, plus tard, la protection de Louis XII, qui fit souvent les frais de leurs joyeux écartements.