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NOTES.

ses talents par les cardinaux Cornaro et Médicis, et par le pape Paul III, qui lui accorda sa grace et lui commanda de beaux travaux, il quitta son ingrate patrie, parce que le pape lui préféra son propre neveu Sforza, pour la remise à Charles-Quint du livre d’heures dont l’admirable couverture lui aurait sans doute valu les éloges de ce prince ;

Qu’à peine arrivé en France, en 1537, sur la réception trop froide à son avis que lui fit il Rosso, et malgré l’accueil gracieux qu’il reçut de François Ier, il se décida à retourner en Italie, où ses persécuteurs lui réservaient une longue et douloureuse détention, qu’il subit dans le même château Saint-Ange qu’il avait si vaillamment défendu[1] ;

Qu’après avoir été arraché à son cachot par la puissante intervention de François Ier et par les bons offices du cardinal de Ferrare[2], sans égard à l’accueil de ce grand

    « tête ; il s’inclina très-bas, de sorte que l’arme frappa l’os du cou et la nuque, etc. » Plus loin, à propos de la vengeance qu’il tira de l’orfèvre Pompeo, qui l’avait desservi, dit-il, près de Clément VII, dans un intérêt de concurrence, il dit : « Je saisis un petit poignard fort aigu que j’avais sur moi, je ne lui en donnai que deux coups, car au second il tomba mort sous ma main. Jamais mon intention n’avait été de le tuer ; mais, comme on dit, on n’est jamais sûr de ses coups. »

  1. Il s’échappa de sa prison, en se précipitant au moyen de cordes faites avec du linge ; mais, s’étant cassé la jambe, il fut repris et mis au cachot.
  2. Ce cardinal qui le protégeait lui avait déjà commandé, depuis longtemps, le bassin et le vase qu’il exécuta en France, et que ce cardinal donna à François Ier, et la fameuse salière, la Terre et l’Océan, qu’il consentit à laisser exécuter pour ce roi. Ce chef-d’œuvre en or ciselé et émail, d’environ 18 pouces de grandeur, ayant été donné par Charles IX à l’archiduc Ferdinand d’Autriche, est aujourd’hui au palais du Belvédère à Vienne.

    Neptune, sur une barque traînée par quatre chevaux marins environnés de poissons, monstres, etc., tient dans sa main gauche une barque servant de salière, et la Terre, belle femme placée au milieu d’animaux de tous genres, tient un joli temple destiné à loger le poivre.