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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/27

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NOTICE

glaise, reportait en Angleterre la qualité plus modeste d’épouse de Charles Brandon, duc de Suffolk[1]. De ce mariage impromptu, mais au demeurant fort heureux, naquit la marquise de Dorset, qui, en 1553, pouvant faire valoir ses droits au trône d’Angleterre, d’après le second règlement d’Henri VIII, préféra les céder à sa fille aînée, l’infortunée Jane Gray, et ne lui céda de fait que l’échafaud.

Le silence que garde Piganiol (dont l’existence quasi séculaire remonte à la fin du xviie siècle) sur le mode d’occupation à cette époque de l’hôtel de Cluny, qu’il décrit cependant avec détails, et l’absence d’indications à cet égard dans Sauval, St.-Foix et autres chroniqueurs de Paris, ses contemporains, semblent établir que dès ce temps, dégénéré de sa haute destination, il devint ce qu’il est encore aujourd’hui,

  1. « Charles Brandon, dit Moreri, étant employé pour ramener en Angleterre la veuve de Louis XII, il gagna le cœur de cette princesse (ou, comme d’autres disent, elle avoit de l’inclination pour lui avant son mariage), et se maria avec elle sans en avoir fait part au roi ni demandé son consentement : après quoi ils le prièrent humblement de vouloir le confirmer, ce qu’il fit après quelques formalités. »

    La scène négligée, ou écartée à dessein par l’histoire, expliquerait bien mieux que toute autre conjecture ce mariage précipité et contre toute convenance d’un ambassadeur avec la sœur de son roi, passant au bout de quelques jours de veuvage du lit du roi de France dans celui d’un gentilhomme anglais, et cela sans consentement préalable de son maître, et de quel maître ! Le pardon de Henri VIII, qui n’était pas coutumier du fait, se justifierait alors par la contrainte exercée envers sa sœur, comme par le besoin d’étouffer le scandale, dans un intérêt de famille.