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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/53

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HÔTEL DE CLUNY.

plus ou moins profanes[1] ; car, pour un artiste gagé par la librairie, commerce qui n’était rien moins que florissant alors, ou pour un amateur comme le roi René d’Anjou, qui charmait les ennuis de son séjour en Provence en vivifiant les romans de chevalerie par ses enluminures[2], il y avait cent moines dont la vocation[3] pour ce genre de travail était en outre sti-

  1. La Flandre avait le monopole des sujets profanes, et même plus que profanes, les prédécesseurs, les émules et les successeurs de Jean de Bruges ayant pris à tâche d’exploiter les nudités pour un autre genre d’instruction. C’est encore aujourd’hui le cachet auquel on reconnaît en général les manuscrits de l’école de Bruges.

    Il existe, dans la collection que nous décrivons, un manuscrit non religieux qui mérite une mention spéciale : c’est une suite de sept rondeaux en l’honneur de Louise de Savoie, dont le nom se reproduit par acrostiche en marge de chaque rondeau, par la réunion des premières lettres des vers qui le composent.

    Chaque miniature en regard représente le combat d’une vertu contre un vice (autrement dit péché mortel). Il va sans dire que la vertu, sous les traits de la mère de François Ier, est partout triomphante. Je dis partout, sans en avoir la certitude, car il manque une vignette, celle de la Luxure.

    Ce joli manuscrit, que nous publierons peut-être plus tard, en fac simile, est un don de M. le colonel Traullé d’Abbeville.

  2. Le bon roi René, dans les loisirs que lui firent ses désappointements successifs dans la poursuite de ses droits sur le duché de Lorraine et sur le royaume de Naples, consacra également son talent à des sujets religieux. Son testament de 1471 parle des peintures nécessairement religieuses qu’il fit pour les églises de Saint-Pierre de Saumur, de Saint-Maurice d’Angers, et pour les célestins d’Avignon.
  3. Nous lisons dans Saint-Foix, t. 1er, p. 254, que les chartreux, sachant que Guy, comte de Nevers, voulait leur