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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/85

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HÔTEL DE CLUNY.

le mouvement de ces petits joueurs d’instruments, et de cet Amour qui taille son arc ! et quelle étude de la nature dans le torse surtout de cette esquisse en ivoire du Mannken piss, autre fontaine, trop naturelle pour le coup, qu’il exécuta en bronze pour la ville de Bruxelles sa patrie !

Nous ne nous arrêterons pas aux autres ivoires italiens, flamands et français, moins rares dans les collections, non plus qu’à la suite de coupes d’émail par les Laudin[1] et consorts, ni aux trois hanaps[2] couverts, de Jacques Courtois[3], représentant les

  1. Il y a eu plusieurs Laudin, émailleurs à Limoges ; cette famille et celle de Naudin s’est perpétuée dans cette fabrique jusqu’à la fin du règne de Louis XIV, et peut-être même au-delà.
  2. Le hanap, grande coupe pour les festins, aux 14e, 15e et 16e siècles, se couvrait quelquefois, moins pour obvier à l’évaporation du liquide que pour le garantir du poison qu’on aurait pu y glisser. Chez les grands le sel même se servait couvert.

    La défiance, à cet égard, motivée sans doute par des exemples, alla jusqu’à faire interdire au clergé d’encenser les rois et même de brûler de l’encens près d’eux. V. Saint-Foix.

    Plus anciennement, le mot de hanap s’appliquait à d’autres vases, même à la soupière, à en juger par le récit de la chronique de Rheims qui, à propos du repas que Philippe-Auguste donna à ses principaux officiers, avant la bataille de Bouvines, après avoir dit : « Le roi fist tailler des soupes et en mangea une et puis dist à tous ceans ki entour li estoient : Je proi à tous mes boins amis qu’ils mangassent avec moi en remembrance des XII apostoles qui aveu Nostre-Seigneur burrent et mangierent, » ajoute : « et iot si grant presse qu’ils ne purent tout venir au hanap. »

  3. Jacques ou Jean Courtois, car le monogramme de ses émaux ne s’explique pas à cet égard, fut élève de Léonard, et