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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/186

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« Le chanteur des rues, nous disait un jour l’un des pasteurs les plus distingués de Paris, est aussitôt entouré d’un public nombreux et attentif. Chacun suit le chant dans le recueil qui se place facilement à dix ou quinze centimes l’exemplaire. Que d’adolescents je rencontre, garçons bouchers ou épiciers-apprentis, jeunes filles portant le linge blanchi à domicile, tenant dans la main un recueil de chansons et les apprenant par cœur le long des rues. »

Quelques-unes de ces chansons sont vraiment très spirituelles. Pourquoi ne nous servirions-nous pas de ce moyen pour moraliser et nous laisserions-nous partout devancer par les ouvrier d’iniquité.

Un homme de bien, M. le professeur Fée, philosophe doublé d’un excellent littérateur, qui a écrit, en 1856, le joli volume intitulé : « Voyage autour de ma Bibliothèque, » et qui appréciait mieux que personne les beautés qui donnent un si grand charme aux vers de Béranger, considère le chansonnier français comme fort dangereux.

« Sa forme est si séduisante, dit-il, qu’elle cache aux lecteurs ce que le fond renferme de