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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/63

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mollesse voluptueuse du boudoir de la marquise que repoussé par l’infamie de la trahison. Telle qu’elle est dépeinte par l’auteur, cette marquise, belle et passionnée, est capable d’enflammer les sens. Et tout cela est présenté avec des expressions si discrètes, dans un style si élégant que le lecteur boit le poison sans s’en apercevoir. Si M. Feuillet est le premier, il n’est pas le seul de cette école nouvelle, créatrice d’œuvres détestables qui cachent le mal sous des apparences bienséantes, et enchantent beaucoup de lecteurs heureux de trouver sous le couvert de la vertu les raffinements du vice. Ces romanciers de renom qui écrivent dans nos élégantes revues, cachent un vil fumier sous les dehors d’un style brillant, dissimulent sous des fleurs ce que les naturalistes se font comme une gloire de nous montrer à nu, et évitent soigneusement de dépeindre les flétrissures qui sont le salaire du péché.

Le roman contemporain a le tort de se mouvoir presque exclusivement dans le domaine de l’amour sexuel, envisagé sous toutes ses faces, analysé dans tous ses détails les plus intimes et les plus bas. Il tend donc à faire croire que la