Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/153

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à un rendez-vous, où il était attendu par les Vicerois de Yun nan, de Koei tcheou, de Se tchuen et deux Grands de Peking envoyés de la cour, pour examiner les plaintes qu’un des Gouverneurs avait fait de sa conduite, refusa constamment de s’y rendre : les Grands de la Cour jugèrent à propos de dissimuler, et de traiter avec lui par la voie de la négociation.

Ces seigneurs ont non seulement leurs Officiers ainsi que les Lo los, mais ils ont encore sous eux de petits Seigneurs, qui quoique maîtres de leurs vassaux, sont comme feudataires, et obligés d’amener leurs troupes quand ils en reçoivent l’ordre. Les maisons de ces seigneurs sont aussi bonnes que les meilleures des Chinois ; leurs armes ordinaires sont l’arc et la demi-pique. Les selles des chevaux sont bien faites et différentes des selles chinoises, en ce qu’elles sont plus étroites, plus hautes, et qu’elles ont les étriers de bois peint.

Ils ont des chevaux fort estimés, soit à cause de la vitesse avec laquelle ils grimpent les plus hautes montagnes et en descendent au galop, soit à cause de leur habileté à sauter des fossés fort larges. On en trouve à vendre dans ces quartiers-là, mais à un prix excessif.

Les Grands Mandarins en reçoivent quelquefois en présent de leurs subalternes, qui les achètent chèrement pour gagner les bonnes grâce de leurs protecteurs ; ou même des seigneurs Miao sse, lorsqu’ils vivent avec eux en bonne intelligence. Les Chinois en racontent des choses surprenantes, mais qui paraissent autant de fables.

Ce qu’ils rapportent, et qui n’est pas tout à fait incroyable, c’est que quand il s’agit de choisir les officiers des troupes, on oblige les prétendants de faire sauter au cheval qu’ils montent, un fossé d’une certaine largeur, dans lequel on a allumé un feu clair, et d’ordonner aux soldats de descendre au galop et à bride abattue des plus hautes montagnes. Enfin ils racontent beaucoup d’autres choses semblables, où l’on court de grands risques, supposé qu’elles soient possibles à l’égard d’un petit nombre de braves de cette nation.

Les Miao sse qui sont dans le milieu et au midi de la province de Koei tcheou diffèrent de ceux-ci par l’état différent dans lequel ils se trouvent : car sans nous arrêter aux divers noms que leur donnent les Chinois du pays, qui sont des noms de colonies venues d’ailleurs, ou envoyées par les empereurs et les conquérants de cette province, on peut les diviser en Miao sse non soumis, et en Miao sse soumis.

Ceux-ci sont encore de deux sortes : les uns obéissent aux magistrats chinois, et font partie du peuple chinois, dont ils ne se distinguent que par une espèce de coiffure qu’ils portent au lieu de bonnet ordinaire, qui est en usage parmi le peuple à la Chine.

Les autres ont leurs mandarins héréditaires qui sont originairement de petits officiers, lesquels servaient dans l’armée chinoise de Hong vou au commencement de la dernière famille royale, et qui par récompense furent établis maîtres, les uns de six, les autres de dix, ou même d’un plus grand nombre de Villages Miao sse conquis.