Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/370

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représente des montagnes, des fleurs, des arbres et des rivières, dont on fait des tables et d’autres ornements. Il y en a qui croient que les rubis, et les autres pierres précieuses, y sont apportées du royaume d’Ava.

Parmi les animaux, on y voit d’excellents chevaux, la plupart de basse taille, mais forts et vigoureux ; des cerfs d’une espèce particulière, qui ne sont ni plus grands, ni plus gros, que nos chiens ordinaires : les seigneurs en nourrissent dans leurs jardins pour leur divertissement. On y trouve aussi de ces oiseaux appelés Kin ki, ou poules d’or, dont j’ai fait ailleurs la description. Les peuples y ont beaucoup de force et de courage ; d’ailleurs ils ont l’esprit doux, affable, et propre aux sciences.


Première ville, capitale de la province.
YUN NAN FOU


Cette ville n’a point de rivière navigable ; elle est bâtie sur le bord d’un lac large et profond, ou si l’on veut parler le langage de la province, au bord de la mer méridionale. Il n’y a pas bien des années qu’elle était remarquable par sa beauté : son enceinte d’une lieue était pleine de beaux édifices, ses dehors ornés de jardins agréables ; on y en voit encore deux ou trois.

Un prince chinois y tenait autrefois sa cour ; les Tartares, qui alors se rendaient les maîtres de la Chine, lui en avaient donné l’investiture avec le titre de roi ; mais ce prince s’étant lassé du joug, et ayant pris les armes contre l’empereur en l’année 1679, sa famille fut ruinée, et peu après étant mort de vieillesse, ses troupes furent tout à fait dissipées.

Le commerce des métaux y est plus grand que dans aucune autre province. On y fait une espèce d’étoffe particulière, qu’on nomme tong hai touan tse, c’est-à-dire, satin de la mer orientale, sans qu’on puisse expliquer l’origine de ce nom. Quoiqu’il en soit, cette étoffe est épaisse, et faite de fils de soie retorse ; elle est sans fleurs, et nullement lustrée ; on la teint en toutes sortes de couleurs, comme le touan tse, ou satin ordinaire, mais elle est sans éclat et sans vivacité. On y fait aussi de beaux tapis.

Après tout la ville d’Yun nan, dans l’état où elle est, a encore plus de réputation que d’abondance ; les boutiques sont assez mal garnies, les marchands peu riches, les bâtiments médiocres, le concours du monde n’y est pas même fort grand, si on le compare à celui qu’on voit dans la plupart des autres capitales de province.

C’est dans cette ville que réside le tsong tou ou gouverneur général des provinces d’Yun nan et de Koei tcheou, de même que le viceroi de la province. Elle compte dans sa juridiction quatre villes du second ordre, et sept du troisième.

Tout le pays est agréable et fertile : le terrain s’élève de toutes parts