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graver la carte d’une province. Ces vases devinrent dans la suite très précieux, et l’on crut que la sûreté de l’État était attachée à leur conservation. Quiconque pouvait s’en saisir, était comme assuré de la couronne. Elle devint héréditaire sous ce prince, de même que le sacerdoce, qui était déjà uni à la couronne, et qui y a été depuis ce règne inviolablement attaché ; car il n’y a que l’empereur qui puisse offrir des sacrifices, et il est défendu à tout autre, sous peine de la vie, de faire l’office de sacrificateur.


Cycle III. Année avant J. C. 2217.

C’était faire la cour à l’empereur Yu que de lui donner des avis sur sa conduite, et il ne croyait point qu’il y eût d’occupation plus digne d’un monarque, que celle de rendre la justice aux peuples. Pour cela il se rendait accessible à toute heure ; afin qu’on pût facilement lui parler, il fit attacher aux portes de son palais une cloche, un tambour, et trois tables, l’une de fer, l’autre de pierre, et la troisième de plomb ; et il y fit afficher une ordonnance, par laquelle il enjoignait à tous ceux qui avaient à lui parler, de frapper sur ces instruments, ou sur ces tables, suivant la nature des affaires qu’on voulait lui communiquer.

La cloche était destinée aux affaires civiles ; le tambour devait être frappé pour celles qui concernaient les lois et la religion ; la table de plomb servait aux affaires propres du ministère et du gouvernement ; si l’on avait à se plaindre de quelque injustice commise par les magistrats, on frappait sur la table de pierre ; et enfin sur la table de fer, lorsqu’on avait reçu quelques traitements trop rigoureux.

L’empereur recevait toujours avec bonté, et même avec une sorte de reconnaissance, ceux qui venaient, ou lui donner des avis, ou implorer sa justice. On rapporte qu’un jour il quitta deux fois la table au son de la cloche, et qu’un autre jour il sortit trois fois du bain, pour recevoir les plaintes qu’on venait lui faire.

On trouve dans le livre canonique nommé Chu king, les instructions qu’il donna aux princes pour gouverner sagement leurs États, et les règles qu’il prescrivit dans la distribution des charges, et dans la levée des impôts.

Il avait accoutumé de dire, qu’un souverain doit se conduire avec autant de précaution que s’il marchait sur la glace ; que rien n’est plus difficile que de régner ; que les dangers naissent sous les pas du monarque ; qu’il a tout à craindre, s’il se livre tout entier à ses plaisirs ; qu’il doit fuir l’oisiveté, faire un bon choix de ses ministres, suivre leurs avis ; et que quand il a une fois pris sagement une résolution, il doit l’exécuter sans le moindre délai.

Ce fut sous son règne qu’un nommé Y tie inventa le vin chinois : c’est un breuvage qui se fait avec le riz. L’empereur n’en eut pas plutôt goûté, qu’il en témoigna du chagrin : cette liqueur, dit-il,