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Ainsi périt ce prince l’année seizième du cycle. Son fils nommé Mo vang lui succéda.


MO VANG. Cinquième empereur.
A régné cinquante-cinq ans.


Les grandes qualités, et son attention à rendre la justice, lui gagnèrent le cœur des peuples, et leur firent oublier plus aisément un faible de ce prince, qui ne se faisait que trop remarquer. C’était sa passion extrême pour les chevaux. Il en avait à sa suite un grand nombre quand il visitait les provinces, et il le faisait toujours, ou à cheval, ou sur un char traîné par les chevaux les plus magnifiques. Son plaisir était d’étaler aux yeux de ses sujets la pompe de ses équipages.

Quelques barbares des parties méridionales ayant voulu remuer, il envoya une armée pour les réduire, et il en confia le commandement à Kao fou, qui remporta sur eux une victoire complète. L’empereur fut si content de ce succès, que pour récompenser ce général, il lui donna la principauté de Tchao qui est dans la province de Chan si.

Enflé de ces prospérités, il résolut de porter ses armes victorieuses contre les Tartares. Son gendre fit tous ses efforts pour l’en dissuader. Il lui représenta que les guerres ne devaient jamais s’entreprendre, à moins qu’on n’y fût absolument forcé, qu’elles étaient souvent plus funestes aux vainqueurs qu’aux vaincus ; que la désolation de son propre pays, et l’épuisement des finances en sont les suites ordinaires ; qu’enfin un prince vertueux a toujours plus de penchant pour la paix, que pour la guerre.

Ces remontrances furent inutiles. Mo vang se mit à la tête d’une grosse armée, qu’il conduisit sur les frontières de la Tartarie ; mais les Tartares ayant été avertis de sa marche, se retirèrent promptement dans le cœur de leur pays, avec leurs tentes et leurs bestiaux ; de sorte que ce prince ne trouvant point d’ennemi à combattre, fut obligé de retourner sur ses pas avec son armée, qui était d’abord fort leste et en bon état, mais que les fatigues d’une marche longue et pénible avaient beaucoup délabrée.

Il se repentit du peu de déférence qu’il avait eu pour les avis de son gendre, et lui promit de ne jamais former aucune entreprise semblable sans son approbation. Ce prince avait pour maxime, qu’un souverain doit toujours être en garde contre la surprise et la flatterie ; et qu’il ne se fera estimer, qu’autant que ceux qui l’environnent seront vertueux.


Cycle XXIV. Année avant J. C. 957.

La neuvième année du cycle arriva aux Indes la mort de Fo, chef d’une secte idolâtrique, et auteur de la métempsycose.