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SUEN TI. Septième empereur.
A régné vingt-cinq ans.


Les disgrâces qu’éprouva ce prince dès sa plus tendre enfance, ne contribuèrent pas peu aux belles qualités, qui le rendirent digne de l’empire : il avait été nourri et élevé dans une prison, où la princesse sa mère fut renfermée par ordre de l’empereur Vou ti, qui la soupçonna, quoique faussement, de sortilèges, et de magie, dont on s’était servi pour faire périr des princes et des princesses du sang impérial. Celui qui gardait la prison, en prit un grand soin, et Suen ti, devenu empereur, le récompensa d’une principauté.

Ce prince était d’un accès facile, d’un naturel doux et compatissant pour les malheureux, et d’une application constante aux affaires de l’État.

Comme il voulut le gouverner seul, il rétablit une ancienne charge, que ses prédécesseurs avaient supprimée, et dont la fonction était d’avertir l’empereur des fautes où il tombait, et de l’exhorter à réformer sa conduite, quand il s’écartait du devoir.

Il se faisait instruire exactement de la manière dont se comportaient les gouverneurs et les magistrats à l’égard du peuple : il donnait souvent audience surtout aux veuves, aux orphelins, et aux pauvres : il permit à tous ses sujets de lui présenter des mémoires instructifs de leurs affaires, parce que ces mémoires donnaient la liberté de mieux s’expliquer, et que d’ailleurs par la lecture qu’il en faisait, il pouvait y apporter plus d’attention que dans des audiences.

Les lois étaient devenues embarrassantes par leur multitude, et donnaient lieu à la chicane, d’embrouiller les affaires les plus claires, et d’éterniser les procès : il réduisit toutes ces lois à un certain nombre d’articles, et annula toutes les autres.

Pendant qu’il était ainsi occupé du gouvernement de son État, il apprit que les royaumes conquis dans les Indes par son aïeul, avaient secoué le joug de leur obéissance, et il se préparait à châtier ces rebelles ; mais il fut détourné de ce dessein par ses ministres, qui lui représentèrent que le sang de ses sujets devait lui être plus précieux que des conquêtes si éloignées, et que des peuples qui résistaient à sa sagesse et à sa vertu, ne méritaient pas de goûter les douceurs de son gouvernement.

L’année quarante-huitième[1] il y eut de si furieux tremblements de terre, que des montagnes se détachèrent, et comblèrent les

  1. du cycle XXXIX. Année avant J. C. 57.