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D’ailleurs ces ministres, qui n’avaient en vue que leur propre élévation, remplirent la cour de factions et de cabales, pour se détruire les uns les autres dans l’esprit du prince, qui par sa crédulité, donnait dans tous les pièges qu’on lui tendait : chacun cherchait à se rendre maître d’un esprit si faible et si peu éclairé, et à élever les parents et les amis, tandis qu’on écartait de tout emploi ceux qui avaient le plus d’expérience et de mérite.

Nonobstant la paix qui avait été conclue avec les Tartares, les troupes qui étaient le long de la grande Muraille, prirent deux de leurs princes, qui sur la foi des traités, chassaient tranquillement dans les montagnes, et leur firent trancher la tête.

L’empereur, loin de punir cette perfidie, récompensa les chefs de ces troupes ; il n’ouvrit les yeux, que lorsqu’il apprit que le successeur d’un de ces princes armait de toutes parts, pour tirer une vengeance éclatante d’une pareille infraction de la paix. Pour prévenir cette guerre, apaiser le courroux de ce prince, il n’eut pas d’autre moyen que de lui donner en mariage une princesse de son sang, avec une dot considérable.

Les guerres intestines que se faisaient les ministres à la cour, étaient sur le point d’éclater dans l’empire, par le grand nombre de partisans que chacun avait eu soin de se faire, lorsque l’empereur mourut la vingt-sixième année du cycle à l’âge de quarante-trois ans. Il eut pour successeur son fils nommé Tching ti.


TCHING TI. Neuvième empereur.
A régné vingt-six ans.


La passion qu’eut ce prince pour le vin et pour les femmes, l’engagea dans toutes sortes de crimes : livré aux plus infâmes plaisirs, il en fit sa seule occupation, et confia les charges les plus importantes de l’État aux parents de l’impératrice sa mère, qui était de la famille Leang, et pour laquelle il avait la plus aveugle déférence, sans prévoir les malheurs qu’il attirait par-là sur sa personne, et sur sa propre famille.

Celui des Grands, qui avait le plus de part au gouvernement sous le précédent règne, ne croyant pas pouvoir demeurer à la cour avec honneur, demanda la permission de se retirer, et il l’obtint. Mais comme il était en chemin pour se rendre à une de ses maisons, il fut assassiné, et l’on ne douta point que ce ne fût par ordre de l’empereur.

Après avoir ouï chanter une comédienne, il s’entêta de sa beauté avec tant de fureur, qu’il chassa du palais sa femme légitime, pour mettre à sa place l’infâme objet de ses nouvelles amours : il la fit déclarer impératrice, et pour ôter de devant ses yeux la bassesse