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TCHIN TSONG. Troisième empereur.
A régné vingt-cinq ans.


On jugea par les commencements du règne de ce prince qu’il gouvernerait ses sujets avec bonté. Une comète ayant paru dans le Ciel, et étant regardée des Chinois comme le présage de quelque malheur, il fit un édit, par lequel il ordonnait qu’on l’avertît des fautes qu’il aurait pu commettre, afin de s’en corriger, et de prévenir les malheurs dont l’empire était menacé ; et en même temps il remit dix millions des impôts qui devaient se lever sur le peuple, et fit donner la liberté à trois mille prisonniers. Il se crut redevable au seigneur du Ciel d’un fils qu’il obtint en ce temps-là, parce qu’il lui adressait depuis du temps de continuelles prières pour lui demander un héritier capable de lui succéder.

Les Tartares de Leao tong assiégèrent une ville de la province de Pe tche li ; l’empereur y courut avec son armée, et son arrivée qui fut prompte, causa tant de frayeur à ces barbares, qu’ils levèrent aussitôt le siège. On voulait que l’empereur profitât de leur consternation, pour reprendre tout le pays qui leur avait été cédé, et l’on blâme ce prince, de ce que non seulement il ne poursuivit pas sa victoire, mais encore de ce qu’après leur fuite honteuse, il fit avec eux un traité aussi désavantageux, que s’il avait été vaincu, car il acheta la paix au prix de cent mille taëls et de deux cent mille pièces d’étoffes de soie, qu’il s’obligea de leur fournir chaque année.

On le blâme encore de ce que par sa crédulité les superstitions et la magie s’accréditèrent sous son règne. On vint lui dire la onzième année du cycle, qu’un livre précieux était tombé du Ciel près d’une des portes de la ville impériale, et la pensée lui vint d’aller en personne recevoir ce don céleste.

Les colaos, pour le détourner d’une démarche si peu sensée, lui représentèrent vivement que c’était une imposture de flatteurs et de gens oisifs, et qu’il fallait brûler ce livre. Il balança quelque temps, mais enfin il se détermina à suivre son premier dessein, sur ce que, disait-il, il y avait environ un an qu’un esprit lui apparut pendant son sommeil, et lui promit ce livre admirable. A l’instant il part à pied accompagné de plusieurs de ses courtisans, et reçoit ce livre miraculeux avec le plus profond respect : il fit même construire un temple au lieu où il était tombé.

Quand on l’eut examiné, on trouva qu’il était rempli de sortilèges, et qu’il renfermait tous les principes de la secte abominable de Tao. Sur quoi un interprète nommé Hou sin ngan fait la réflexion, que depuis ce temps fatal, on a vu diminuer parmi un