Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/604

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chinois aux princes tributaires ses voisins, et entr’autres au roi de Tong king. Celui-ci et les autres refusèrent de le recevoir, et le renvoyèrent à l’empereur. Le fils aîné d’Ou fan guey, qui était à la cour, eut la tête tranchée.

Peu après les rois de Fo kien et de Quang tong se révoltèrent, et le prince de Formose se joignit à eux. C’en était fait des Tartares, si tous ces princes eussent agi de concert pour la liberté commune. Mais la jalousie les divisa. Le prince de Formose qui ne se crut pas traité assez honorablement par le roi de Fo kien, lui déclara la guerre, le défit en plusieurs combats, et le força à se soumettre à l’empereur. Le roi de Quang tong par une semblable raison de mécontentement, rompit le traité qu’il avait fait avec Ou fan guey, et mit sa province entre les mains des Tartares.

La cour envoya plusieurs armées commandées par des princes tartares dans les provinces de Hou quang de Tche kiang, de Fo kien, de Quang tong et de Quang si pour réduire tous les autres, qui refusaient de reconnaître sa puissance. Cependant Ou fan guey mourut la cinquante- sixième année du cycle accablé de vieillesse ; son plus jeune fils nommé Hong hoa, fut proclamé empereur.

Le 2 septembre de la même année il y eut un grand tremblement de terre à Peking : quantité de palais et de temples, les tours et les murailles de la ville furent renversés, et accablèrent plus de quatre cents personnes sous leurs ruines. Il y en eut plus de trente mille qui périrent dans une ville voisine nommée Tong tcheou. Et comme les secousses se firent sentir de temps en temps durant trois mois, l’empereur, les princes, et les seigneurs quittèrent leurs palais, et n’habitèrent plus que leurs tentes. L’empereur fit de grandes libéralités pour le soulagement de son peuple.

Le dernier mois de la même année le palais impérial parut tout en feu, et en peu d’heures il fut réduit en cendres. On assure que la perte monta à deux millions huit cent cinquante mille taëls.

Quatre jours après cet incendie l’empereur partit pour aller prendre le plaisir de la chasse à sa maison de plaisance. Ayant aperçu de loin le magnifique monument que son père avait fait élever au dernier empereur chinois, il y alla, et après s’être prosterné jusqu’à terre, et avoir brûlé des parfums : « Vous le savez, ô grand empereur, dit-il en versant des larmes, que ce n’est pas nous mais vos sujets rebelles qui ont été la cause de votre mort. »

Quoique le roi de la province de Chang tong se fût soumis à la domination tartare, sa conduite n’en était pas moins suspecte à la cour, parce qu’il avait l’esprit entreprenant, et que d’ailleurs il s’était rendu très puissant par le commerce, que nonobstant les