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quelques-uns sont de bois, à la réserve des piédestaux qui sont de marbre.

Ceux qu’on voit à Ning po, ont ordinairement trois portes, une grande au milieu, et deux petites aux côtés ; des colonnes à pans, ou poteaux de pierre d’une pièce, font le jambage de ces portes ; l’entablement est composé de trois ou quatre faces, le plus souvent sans saillie et sans moulure, excepté la dernière, ou la pénultième, qui tient lieu de frise et sur laquelle on grave quelque inscription.

Au lieu de corniche, il y a un toit qui sert de couronnement à la porte, et qui appuie sur ses jambages. Il n’y a que le crayon qui puisse bien représenter cette espèce de toit ; notre architecture même gothique n’a rien de si bizarre. Chaque porte est composée des mêmes pièces, mais plus basses et plus petites à proportion. Toutes ces pièces qui sont de pierre, sont assemblées sur des poteaux à tenons et à mortaises, comme si elles étaient de charpente.

Les appuis des ponts, qui sont en grand nombre sur les canaux, sont du même goût : ce sont de grands panneaux de pierre, coulés dans des rainures taillées dans les poteaux à cet effet.

Sur ces arcs de triomphe, qui ne passent guère vingt à vingt-cinq pieds de haut, on voit des figures humaines, des grotesques, des fleurs, des oiseaux hors d’œuvre, qui s’élancent avec diverses attitudes, et d’autres ornements assez bien travaillés. Ils ont beaucoup de saillie, plusieurs sont presque détachés. On voit entre autres plusieurs cordelières ou lacis fort relevés, et vidés avec beaucoup d’art.

Ces sortes d’ouvrages, quoiqu’assez minces, ne laissent pas d’avoir leur beauté ; et quand on en voit plusieurs, placés de distance en distance, dans une rue, surtout si elle est étroite, cet ornement a de la grandeur, et forme une agréable perspective.


Des murs des villes

En parlant des murs, et des portes de la ville de Peking, j’ai déjà fait connaître une partie de la magnificence chinoise dans les ouvrages publics. La plupart des villes en ont de semblables : j’ajouterai seulement que ces murs sont tellement élevés, qu’ils dérobent à la vue tous les bâtiments ; et qu’ils sont si larges, qu’on peut y aller à cheval : les murs de Peking qui sont de brique, ont quarante pieds de hauteur : ils sont flanqués, de vingt en vingt toises, de petites tours carrées en égale distance, et très bien entretenues. Il y a de grandes rampes en quelques endroits, afin que la cavalerie y puisse monter.

Pour ce qui est des portes, si elles ne sont pas ornées de figures et de bas reliefs, comme les autres ouvrages publics, elles frappent extrêmement par la prodigieuse hauteur de deux pavillons qui les forment, par leurs voûtes qui sont de marbre en quelques endroits, par leur épaisseur, et par la solidité de leur maçonnerie.

Les tours élevées dans presque toutes les villes, surtout dans certaines provinces, ne sont pas un des moindres ornements qui les embellissent. Elles s’appellent en chinois pao ta. Elles sont de plusieurs étages, et vont en diminuant, à mesure qu’elles s’élèvent, avec des fenêtres de tous les