Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/15

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avec une majesté toujours égale, n’a rien perdu pendant une si longue suite de siècles, ni de son éclat, ni de sa splendeur.

Si cette monarchie a été quelquefois troublée par des guerres intestines, par la faiblesse et la mauvaise conduite des empereurs, ou par une domination étrangère, ces intervalles de troubles et de divisions ont été courts, et elle s’en est presque aussitôt relevée, trouvant dans la sagesse de ses lois fondamentales, et dans les heureuses dispositions des peuples, une ressource aux malheurs dont elle sortait.


Nombre des empereurs chinois.

Ainsi pendant 4000 ans et davantage le trône impérial a été occupé sans interruption par vingt-deux différentes familles, et l’on compte deux cent trente-quatre empereurs chinois, qui ont régné successivement jusqu’à l’invasion du roi tartare qui s’empara de la couronne il y a environ 85 ans, et qui a donné jusqu’ici à la Chine trois empereurs de sa famille, savoir Chun tchi qui a régné 17 ans, Cang hi qui en a régné 61, et Yong tching qui est sur le trône depuis l’année 1722.

Cette conquête qui se fit avec une facilité surprenante, fut le fruit de la mésintelligence des Chinois, et des diverses factions qui partageaient la cour et l’empire. La plus grande partie des troupes impériales étaient alors vers la grande muraille, occupée à repousser les efforts d’un roi des Tartares orientaux, appelés Mantcheoux.

Ce prince pour se venger de l’injustice faite à ses sujets dans leur commerce avec les marchands chinois, et du peu de cas que la cour avait fait de ses plaintes, était entré dans le Leao tong à la tête d’une puissante armée. La guerre dura quelques années ; il y eut différents combats donnés, des villes assiégées, des courses et des irruptions faites sur les terres de la Chine, sans qu’on pût dire de quel côté penchait la victoire, parce qu’elle favorisait tour à tour l’un et l’autre parti.

L’empereur Tsong tching demeurait tranquille dans sa capitale, et il n’avait guère sujet de l’être. Le supplice injuste auquel il avait condamné un ministre accrédité et lié avec les principaux de la cour, sa sévérité excessive, et son extrême avarice, qui l’empêchèrent de rien relâcher des tributs ordinaires qu’il exigeait du peuple, et cela dans le temps de la plus grande disette, aigrirent extrêmement les esprits et les portèrent à la révolte : les mécontents se multiplièrent dans la capitale et dans les provinces.


Li cong tse s'empare de plusieurs villes.

Un Chinois de la province de Se tchuen nommé Li cong tse, homme hardi et entreprenant, profita de ces conjonctures, et se mit à la tête d’un grand nombre de séditieux. Son armée grossissait tous les jours, par la multitude des mécontents qui s’y joignaient. En peu de temps il se rendit maître de plusieurs villes considérables, il conquit des provinces entières, et gagna les peuples en les exemptant des tributs dont ils étaient surchargés, en destituant les magistrats, et en les remplaçant par d’autres, sur la fidélité desquels il comptait, et à qui il commandait de traiter ses sujets avec douceur. D’un autre côté il saccageait les villes où il trouvait la moindre résistance, et les abandonnait au pillage de ses soldats.


Se déclare empereur.

Enfin après s’être enrichi des dépouilles de la délicieuse province de Ho nan, il pénétra dans la province de Chen si, où il crut qu’il était temps de