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il fermente aussitôt, et se couvre d’une écume vaporeuse, assez semblable à celle de nos vins nouveaux ; sous cette écume se trouve un vin très pur, on le tire au clair, et on le verse dans des vases de terre bien vernissés. De la lie qui reste, on fait une eau-de-vie qui n’est guère moins forte que celle d’Europe ; il s’en fait même de plus forte, et qui s’allume plus aisément.

Les mandarins font venir du vin pour leur table, de certaines villes où il passe pour être très délicat. Celui de Vou sie, ville du troisième ordre, est fort estimé, et c’est la bonté de l’eau qu’on y trouve, qui le rend excellent : on fait encore plus de cas de celui de Chao hing, parce qu’il est meilleur pour la santé. On porte de ces vins par toute la Chine, même à Peking.

Ils ont une espèce d’eau-de-vie, ou d’eau distillée, qu’on dit être tirée de la chair de mouton, et dont l’empereur Cang hi usait quelquefois, mais qui n’est guère en usage que parmi les Tartares : elle n’est pas agréable au goût, et donne aisément dans la tête : on assure qu’elle est fort substantielle.

Ils ont de même un vin extraordinaire qui se fait dans la province de Chen si, et qui se nomme Cao yang tçi-eou[1], il a beaucoup de force, et l’odeur en est désagréable ; mais au goût chinois, ou plutôt au goût tartare, il passe pour un vin exquis. Ce n’est point un vin qu’on transporte ailleurs, on le consomme dans le pays.


Mariages chinois.

Venons maintenant à leurs mariages : les lois que la police chinoise a établies, et qui sont exactement marquées dans le cérémonial de l’empire, suivent :

Premièrement, du grand principe qui est comme la base de leur gouvernement politique, je veux dire le respect et la soumission des enfants envers leurs parents ; et ce sentiment de piété filiale, ils l’étendent jusqu’après la mort de leurs pères, à qui ils continuent de rendre les mêmes devoirs, que pendant leur vie.

Secondement, de l’autorité absolue que les pères ont sur leurs enfants ; car c’est une maxime de leur philosophe que les rois doivent avoir dans l’empire toute la tendresse d’un père, et que les pères dans leurs familles doivent avoir toute l’autorité des rois.

C’est en conséquence de ces maximes qu’un père vit en quelque manière sans honneur, et n’a pas le cœur content, s’il ne marie pas tous ses enfants ; qu’un fils manque au premier devoir de fils s’il ne laisse pas une postérité qui perpétue sa famille ; qu’un frère aîné, n’eut-il rien hérité de son père, doit élever ses cadets, et les marier, parce que si la famille venait à s’éteindre par leur faute, les ancêtres seraient privés des honneurs et des devoirs que leurs descendants doivent leur rendre et parce qu’en l’absence du père, le fils aîné doit servir de père à ses cadets.

De même on ne consulte point les inclinations des enfants, quand il s’agit de les unir par les liens du mariage ; le choix d’une épouse est réservé au

  1. C’est-à-dire vin d’agneau.