Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/204

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voir les bouchers, lorsqu’ils portent de la chair de chien en quelque lieu, ou quand ils vont chargés de cinq ou six chiens pour les tuer. Tous les chiens attirés par les cris de ceux qu’on va tuer, ou par l’odeur de ceux qu’on a déjà tués, se jettent en troupes sur les bouchers qui sont obligés de marcher toujours armés d’un long bâton, ou d’un long fouet, pour se défendre de leurs insultes ; et de se tenir en des lieux fermés, pour exercer paisiblement leur métier.


Des oiseaux.

Outre les oiseaux domestiques, ils trouvent encore sur leurs rivières et sur leurs lacs quantité d’oiseaux de rivière, et principalement de canards sauvages. La manière dont ils les prennent, mérite d’être rapportée : ils se mettent la tête dans de grosses citrouilles sèches, où il y a quelques trous pour voir et pour respirer, puis ils marchent nus dans l’eau, ou bien ils nagent sans rien faire paraître au dehors, que la tête couverte de la citrouille. Les canards accoutumés à voir de ces citrouilles flottantes, autour desquelles ils se jouent, s’en approchent sans crainte, et le chasseur les tirant par les pieds dans l’eau pour les empêcher de crier, leur tord le col et les attache à sa ceinture. Il ne quitte point cet exercice, qu’il n’en ait pris un grand nombre.

Le gibier y foisonne : on voit à Peking pendant l’hiver dans diverses places, plusieurs monceaux de diverses sortes d’animaux, volatiles, terrestres, et aquatiques, durcis par le froid, et exempts de toute corruption : on y voit une quantité prodigieuse de cerfs, de daims, de sangliers, de chèvres, d’élans, de lièvres, de lapins, d’écureuils, de chats et de rats sauvages, d’oies, de canards, de poules de bois, de perdrix, de faisans, de cailles, et plusieurs autres animaux qui ne se trouvent point en Europe, et qui se vendent à très grand marché.


Des poissons.

Les rivières, les lacs, les étangs, et même les canaux dont toute la Chine est arrosée, sont remplis de toute sorte de poissons. On en trouve un grand nombre jusque dans les fossés, qu’ils ont soin de pratiquer au milieu des campagnes, pour y conserver de l’eau, dont le riz a un continuel besoin.

Des bateaux pleins de l’eau où se trouve de la semence de poissons, comme nous l’avons expliqué, parcourent la Chine. On achète de cette eau, et l’on en remplit les fossés : les poissons qui s’y trouvent étant fort petits et presque imperceptibles, on les nourrit avec des lentilles de marais, ou avec des jaunes d’œuf, à peu près comme on nourrit les animaux domestiques en Europe. Les grands poissons se conservent par le moyen de la glace ; on en remplit de grands bateaux qu’on transporte jusqu’à Peking.

Il n’y a guère de poissons en Europe qui ne se trouvent à la Chine : on y voit des lamproies, des carpes, des soles, des saumons, des truites, des aloses, des esturgeons, etc. mais il y en a beaucoup d’autres d’un goût excellent qui nous sont tout à fait inconnus. Il n’est pas possible d’en rapporter toutes les espèces : je ne m’attacherai qu’à quelques-unes qui feront juger des autres.

Un de ceux que l’on estime le plus, et qui pèse environ quarante livres,