grosseur de leur tronc est alors d’environ deux pieds et demi de circuit. On assure qu’ils ne portent ni fleurs, ni fruits, et qu’ils multiplient de la manière suivante.
Au printemps quand l’arbre pousse, on choisit le rejeton le plus vigoureux qui sorte du tronc, et non pas des branches : quand ce rejeton est long d’environ un pied, on l’enduit par le bas de mortier fait de terre jaune. Cet enduit commence environ deux pouces au-dessus du lieu où il sort du tronc, et descend au-dessous quatre ou cinq pouces : son épaisseur est au moins de trois pouces. On couvre bien cette terre, et on l’enveloppe d’une natte qu’on lie avec soin, pour la défendre des pluies et des injures de l’air. On laisse le tout en cet état depuis l’équinoxe du printemps, jusqu’à celui d’automne. Alors on ouvre tant soit peu la terre, pour examiner en quel état sont les racines, que le rejeton a coutume d’y pousser, et qui se divisent en plusieurs filets : si ces filets sont de couleur jaunâtre ou roussâtre, on juge qu’il est temps de séparer le rejeton de l’arbre ; on le coupe adroitement sans l’endommager, et on le plante. Si ces filets étaient encore blancs, c’est signe qu’ils sont trop tendres ; ainsi on referme l’enduit de terre, comme il était auparavant, et on diffère au printemps suivant à couper le rejeton pour le planter. Mais soit qu’on le plante au printemps, ou en automne, il faut mettre beaucoup de cendres dans le trou qu’on a préparé, sans quoi les fourmis, à ce qu’on assure, dévoreraient les racines encore tendres, ou du moins en tireraient tout le suc, et les feraient sécher.
L’été est la seule saison où l’on puisse tirer le vernis des arbres : il n’en sort point pendant l’hiver ; et celui qui sort au printemps ou en automne, est toujours mêlé d’eau ; d’ailleurs ce n’est que pendant la nuit que le vernis coule des arbres : il n’en coule jamais pendant le jour.
Pour tirer le vernis, on fait plusieurs incisions de niveau à l’écorce de l’arbre autour du tronc, qui, selon qu’il est plus ou moins gros, peut en souffrir plus ou moins. Le premier rang de ces incisions n’est éloigné de terre que de sept pouces. A la même distance plus haut, se fait un second rang d’incisions, et ainsi de sept en sept pouces, non seulement jusqu’au haut du tronc, mais encore jusqu’aux branches qui ont une grosseur suffisante.
On se sert pour faire ces incisions, d’un petit couteau fait en demi cercle. Chaque incision doit être un peu oblique de bas en haut, aussi profonde que l’écorce est épaisse, et non pas davantage. Celui qui la fait d’une main, a dans l’autre une coquille, dont il insère aussitôt les bords dans l’incision autant qu’elle peut y entrer ; c’est environ un demi pouce chinois. Cela suffit pour que la coquille s’y soutienne sans autre appui. Ces coquilles fort communes à la Chine, sont plus grandes que les plus grandes coquilles d’huître qu’on voie en Europe. On fait ces incisions le soir, et le lendemain matin on va recueillir ce qui a coulé dans les coquilles. Le soir on les insère de nouveau dans les mêmes incisions, et l’on continue de la même manière jusqu’à la fin de l’été.