Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/327

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en petite quantité, et souvent, à peu près comme dans leur enfance. S’ils avaient des indigestions dans le temps qu’ils commencent à faire leurs coques, ces coques seraient humides et imbibées d’une eau salée, qui rendrait la soie très difficile à dévider. En un mot quand ils ont vécu 24 ou 25 jours depuis qu’ils sont éclos, plus ils diffèrent leur travail, plus ils dépensent de feuilles, moins ils donnent de soie, et les mûriers pour avoir été effeuillés trop avant dans la saison, pousseront plus tard leurs bourgeons l’année suivante.

Après leurs mues, et lorsqu’ils ont quitté leurs dépouilles, il faut leur donner peu à peu, mais souvent, des feuilles menues : c’est comme une seconde naissance, ou selon d’autres auteurs, une espèce de convalescence. Lorsque les vers, dit-il, sont sur le point de muer, ils ressemblent à un homme malade, on dirait qu’il va se faire de grands changements dans tout son corps, et que tout est prêt à se dissoudre ; mais s’il peut dormir une seule nuit, il devient tout autre, il ne s’agit plus que de réparer ses premières forces par un sage régime.

Mais il y a d’autres maladies qu’il faut prévenir ou guérir : elles viennent ou du froid, ou de trop de chaleur. C’est pour prévenir les premiers accidents, qu’on recommande de donner au logement des vers, un juste tempérament de chaleur. Si cependant le froid avait surpris ces petits ouvriers, ou faute d’avoir bien fermé les fenêtres, ou parce que les feuilles de mûriers n’étaient pas bien sèches, ce qui leur cause un dégoût total, et une espèce de dévoiement ; car au lieu de crottes, ils ne rendent que des eaux et des glaires ; alors faites brûler des quartiers de fiente de vache auprès des malades, sans pourtant qu’il y ait de fumée. On ne saurait croire combien l’odeur de cette fiente brûlée leur est salutaire.

Les maladies qui leur viennent de chaleur, sont causées ou par la faim soufferte à contre-temps, ou par la qualité et la quantité des aliments, ou par une situation incommode, ou par l’air de dehors devenu tout à coup brûlant. En ce dernier cas, on ouvre une ou plusieurs fenêtres, mais jamais du côté que souffle le vent : il ne faut pas qu’il entre directement dans la chambre, mais par circuit, afin qu’il soit tempéré : par exemple, s’il fait un vent de midi, il faut ouvrir la fenêtre qui est au nord. Et même si le vent était trop chaud, il faudrait mettre devant la porte, ou devant la fenêtre un vase plein d’eau fraîche, afin que l’air puisse se rafraîchir au passage. On peut même jeter çà et là en l’air dans la chambre une rosée d’eau fraîche, en prenant bien garde qu’il n’en tombe aucune goutte sur les vers à soie.

Quant à l’excès de chaleur interne, on les guérit en leur donnant de la farine de feuilles de mûriers, qu’on aura recueillies durant l’automne, et qu’on aura réduites en une poudre très fine, ainsi que je l’ai expliqué au commencement de cet extrait. On humecte tant soit peu les feuilles destinées à leurs repas, et l’on sème dessus cette farine qui s’y attache : mais on diminue la quantité des feuilles à proportion de la farine qu’on y ajoute : par exemple, si l’on y mêle quatre onces de farine, on diminuera quatre