Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/33

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De là on passe dans une troisième deux fois plus longue que la seconde, et un peu plus large. On y entre par cinq portes semblables aux précédentes, sur lesquelles porte un gros édifice de même structure. Ces portes sont épaisses et couvertes de lames de fer, qui y sont attachées par plusieurs rangs de clous de cuivre, dont la tête est plus grosse que le poing. Tous les édifices du palais sont posés sur un socle à hauteur d’homme, bâti de grosses pierres de marbre d’un gris roussâtre, mal polies, et ornées de moulures.

Toutes ces cours sont entourées d’édifices fort bas, et couverts de tuiles jaunâtres. Au fond de cette troisième cour, on voit un assez long édifice flanqué de deux pavillons qui touchent à deux ailes, lesquelles sont terminées par deux autres pavillons semblables aux premiers, c’est-à-dire, qui sont à double toit, et environnés de leurs galeries, de même que les ailes et le fond de cet édifice, qui est élevé sur une plateforme de brique avec son parapet et ses petites embrasures, laquelle a environ trente-cinq pieds de haut. Le bas de la plateforme, jusqu’à six pieds hors du rez-de-chaussée est bâti de marbre. Le fond est percé de trois ouvertures voûtées, et qui se ferment par trois portes semblables aux précédentes, avec cette différence, que les clous et les ferrures en sont dorés.

Il y avait plusieurs gardes à cette porte, et entre autres un colao ou ministre d’État, qui ayant été accusé d’avoir reçu sous main de l’argent dans l’administration de sa charge, fut condamné à garder cette porte du palais, avec une compagnie de soldats dans laquelle on l’avait enrôlé. Ceux qui passaient devant lui, ne laissaient pas de le saluer et de fléchir le genoux, respectant encore, nonobstant l’état humiliant où il se trouvait, cette haute fortune dont il venait de déchoir.

Après avoir passé ces trois cours qui n’ont rien de bien remarquable que leur étendue, nous entrâmes dans une quatrième, qui a environ quatre-vingts pas géométriques en carré. Cette cour est tout à fait riante ; elle est environnée de galeries interrompues d’espace en espace par des petits salons tout ouverts et plus exhaussés, vis-à-vis desquels il y a des escaliers avec leurs rampes de marbre blanc, qui règnent presque tout autour. Cette cour est coupée dans sa largeur par un petit canal revêtu de marbre blanc ; les bords sont ornés de balustrades de la même forme. On passe ce canal sur quatre ou cinq ponts d’une seule arcade. Ces ponts sont de marbre blanc, embellis de moulures et de bas reliefs. Dans le fond de la cour est un grand et magnifique salon fort propre, où l’on monte par trois grands escaliers, avec leurs rampes ornées des mêmes balustrades.

Suit une cinquième cour à peu près de la même forme et de la même grandeur : elle a néanmoins quelque chose qui frappe davantage : on y voit un grand perron carré à triple étage, et bordé à chaque étage de balustrades de marbre blanc ; ce perron occupe près de la moitié de la longueur de la cour, et près des deux tiers de sa largeur. Il a environ dix-huit pieds de haut, et est bâti sur un socle siamois de marbre plus grossier, qui est