Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/330

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1° Que les coques fermes et dures ont d’ordinaire le contour de leur soie beaucoup plus gros, et par conséquent plus aisé à dévider, et que par la même raison on peut les laisser plus longtemps au bain-marie. Il n’en est pas de même des coques minces et déliées. 2° Que quand on a fait mourir les papillons au bain-marie, il faut mettre les coques sur des nattes, sans les y accumuler ; et que lorsqu’elles sont un peu refroidies, on doit les couvrir de petites branches de saules, ou de mûrier.

Le troisième moyen de faire mourir les papillons, et qu’on préfère aux autres, c’est de faire ce qui suit : on enferme les coques en de grands vases de terre, on jette dans chacun de ces vases quatre onces de sel sur dix livres de coques, et on les couvre de feuilles larges et sèches, telles que sont celles de nénuphar. Sur ces feuilles on met encore dix livres de coques, et quatre onces de sel : on fait ainsi diverses couches, puis on lute l’ouverture du vase, sans qu’en aucune sorte l’air y puisse pénétrer. Dès le septième jour les papillons sont étouffés. Si au contraire l’air s’y insinuait tant soit peu, par quelque fente, ils vivraient assez de temps pour percer leurs coques : comme ils sont d’une substance baveuse, et propre à se remplir d’air, le peu qui y entrerait, leur conserverait la vie.

Il est bon d’avertir qu’en mettant les coques dans les vases, il faut séparer celles qui sont excellentes, de celles qui sont moins bonnes. Les coques longues, brillantes, et blanches, donnent une soie très fine : celles qui sont grosses, obscures, et d’un bleu de couleur de peau d’oignon, ne fournissent qu’une soie grossière.


Du choix des saisons les plus propres aux vers.

Jusqu’ici on n’a parlé que de la manière d’élever les vers au printemps, et c’est en effet dans cette saison que le commun des Chinois s’occupe de ce travail. On en voit cependant qui font éclore des œufs en été, en automne, et presque tous les mois depuis la première récolte faite au printemps. Il faut pour cela trouver des ouvriers qui puissent soutenir un travail si continu, et des mûriers capables de fournir dans toutes ces saisons la nourriture convenable. Mais il est difficile que les mûriers y suffisent, et si on les épuise une année, ils dépérissent, et manquent tout à fait au printemps suivant.

Ainsi, selon notre auteur, il ne faut faire éclore que peu de vers pendant l’été, et seulement pour avoir des œufs dans l’automne : il cite même un autre auteur, qui conseille d’en élever dans cette saison, laquelle commence vers le 15 d’août ; mais il veut que pour leurs aliments, on ne prenne que les feuilles de certaines branches moins nécessaires à l’arbre. Les raisons qui lui font préférer l’automne au printemps pour élever les vers, sont : 1° Que le printemps étant d’ordinaire une saison pluvieuse et venteuse dans les parties méridionales, le profit qu’on attend du travail de ces vers, est plus incertain ; au lieu qu’en automne le temps étant presque toujours pur et serein on est plus sûr de réussir ; 2° Qu’à la vérité on ne peut pas donner aux vers pour leur nourriture, des feuilles aussi tendres qu’au printemps ; mais qu’ils en sont bien dédommagés, en ce qu’ils n’ont rien à craindre des moucherons et des cousins, dont la piqûre les fait languir, et leur est mortelle.