pour le faire subsister, s’occupe d’un travail pénible et passe sa vie à labourer des champs.
7° Combien de gens nés pour les conditions laborieuses et humiliantes, ont le malheur d’ignorer jusqu’aux noms de nos livres canoniques, Chi et Li ! Et vous jeunes gens, fils de lettrés, et de docteurs, vous mettez la gloire d’un homme de lettres, non à savoir les livres en marchant sur les traces de vos pères, mais à être vêtus de soie, et à vous donner de grands airs sans songer que vous ferez tomber votre famille en roture par votre ignorance !
8° Dans les premiers temps on manquait de lieux, où l’on pût à l’écart, loin du bruit et du tumulte, lire et composer : aujourd’hui il y a des édifices bâtis exprès, soit dans les villes, soit à la campagne, où des maîtres invitent et attendent des disciples ; et l’on fait peu de cas de ces moyens ; l’on s’occupe de bagatelles ; on s’entête comme des femmes, de parures, d’un habit, d’un bonnet ! on veut néanmoins avoir le nom de lettré ; et peut-être se laisse-t-on donner sans rougir, le nom de docteur.
9° On a tous les devoirs de la vie civile, si bien circonstanciés dans les livres ; la jeunesse néglige de les apprendre : elle n’a de goût et d’ardeur, que pour de vains amusements ; et par là ces belles leçons de morale tombent et se perdent. Au reste l’homme ignorant, quoiqu’il ne s’inquiète point de son ignorance, n’en est pas moins au rang des bêtes les plus stupides.
On a dit qu’on devrait chaque jour lire et expliquer aux enfants qui commencent à étudier, une histoire propre à les porter à l’étude, à leur ouvrir l’esprit, et à les animer à la vertu. Je vais rapporter quelques-unes de ces histoires, qui feront connaître quel est le goût, le génie, et l’industrie des Chinois, pour former la jeunesse. Ces différents traits d’histoire sont recueillis dans un livre fait exprès ; quelques-uns sont des premiers temps de l’empire ; le grand nombre est des anciennes dynasties ; il n’y en a point des trois derniers siècles. Au haut de chaque page du livre, on trouve une espèce d’estampe, où est représentée l’histoire, sans doute afin de fixer l’imagination des enfants, et d’aider leur mémoire. On a soin d’écrire le nom et le surnom de celui dont on parle, le lieu de sa naissance, et sous quel règne il a vécu.
L’auteur commence par raconter la piété de Chun : il ne pouvait guère remonter plus haut dans l’histoire chinoise, toute ancienne quelle est. Ce Chun se rendit recommandable par sa parfaite soumission envers ses