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esprit d’être errant et vagabond. 6° L’âme de la conversation et du commerce, c’est la droiture : pour y arriver, soyons en garde contre la ruse et l’artifice. 7° On doit avoir l’âme grande ; ainsi point de partialité. 8° Il faut modérer les désirs du cœur ; combattons la concupiscence du nôtre. 9° Qu’on soit réglé dans sa dépense ; c’est pourquoi nul faste. 10° La beauté du naturel, c’est une humeur paisible ; le vice opposé qui est à retrancher, c’est la colère. 11° L’homme est principalement fait pour la société. Qu’il ait soin de fermer toute entrée à l’envie. 12° Enfin le propre de la science est de vouloir toujours s’élever ; ainsi regardons comme un mal un cœur qui se borne, et se limite aisément.

Voilà douze règles de mœurs, qui renferment la perfection. J’ajoute que quand on proposera cinq jours avant l’assemblée, les sujets qu’on y doit traiter, cela se doit faire sur une tablette vernissée, qu’on suspendra dans un endroit de la salle des conférences. Au même temps il faut en donner avis aux lettrés, aux gradués du dehors, et même à ceux qui sont un peu plus éloignés : afin qu’étant instruits des matières, ils puissent s’y préparer, s’ils souhaitent assister à l’assemblée, et par là être plus en état de juger de ce qu’on dira, et de proposer eux-mêmes leurs vues sur les sujets en question.





DE LA LITTÉRATURE CHINOISE


Comme les lettres sont plus estimées que les armes dans tout l’empire, et que les premières dignités du gouvernement politique ne se donnent qu’à des personnes lettrées, les sciences y ont toujours été cultivées. On n’oserait dire que c’est avec beaucoup de succès, du moins si l’on en juge par leurs livres, et par les connaissances de leurs savants ; ce qui peut venir, et du peu d’attention qu’on a toujours eu, de récompenser ceux qui excellaient dans les sciences abstraites, et peut-être du temps considérable qu’ils sont obligés de donner à l’intelligence de leur langue, dont les figures et les caractères sont presque infinis puisqu’il y en a autant de différents qu’il y a de termes et de noms différents des choses qu’ils veulent exprimer.

Leurs sciences se réduisent à six principales : savoir la connaissance de leur langue, dont nous avons déjà parlé ; la philosophie, soit naturelle, soit morale ; les mathématiques, et surtout l’astronomie ; la médecine, l’histoire, et la poésie.

La profonde paix, dont ils ont presque toujours joui, et le peu de commerce qu’ils ont eu avec les autres nations, dont ils ont voulu être séparés par des défenses expresses de sortir de l’empire, et d’y admettre aucun étranger, les ont attachés à l’étude et aux arts, qui peuvent contribuer aux commodités de la vie.