Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/546

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de faire en sorte par une conduite pleine d’indulgence, de tendresse, et de patience, s’il le faut, que l’union règne entre vous.

Sur cette lettre l’empereur Cang hi dit : cet avis est fort bien conçu : il devait faire impression. L’historien Pan kou dit de Yuen ti, que tous les ordres qu’il donnait par écrit, étaient pleins d’une douceur et d’une franchise qui se ressentait de la première antiquité. Pan kou a raison, et ce qu’il dit paraît admirablement bien dans cette pièce.


Déclaration de l’empereur Tching ti successeur de Yuen ti. Il recommande aux Heou[1] et autres Grands d’éviter toute dépense inutile, et ordonne qu’on veille à ce que personne n’ait des habits, etc. au-dessus de sa condition.


Nos anciens princes, en établissant les titres d’honneur avec tant dans sagesse, ont eu principalement en vue de distinguer les rangs de l’État : mais ils ont en même temps prétendu que les premiers seraient occupés par les gens vertueux. C’est pour les honorer, qu’on régla les distinctions de chars et d’habits, qui se sont si bien observées dans l’antiquité. Suivant les maximes de ces grands hommes, les richesses n’étaient point un titre qui dispensât de l’observation des lois. Cet usage était une leçon continuelle pour tout l’empire, qui enseignait de préférer la vertu aux richesses ; et les peuples avaient dans ceux qu’ils voyaient au-dessus d’eux, autant de beaux exemples en ce genre.

Aujourd’hui quelle différence ! on ne voit que luxe, que folles dépenses ; ce mal va tous les jours en croissant. Les Kong, les King, les Heou, et les gens qui m’approchent ou comme parents et alliés, ou comme mes officiers, au lieu d’entrer avec moi dans des sentiments de zèle et de compassion sur ces désordres, les autorisent par leurs exemples : au lieu qu’ils devraient par une attention continuelle sur eux-mêmes, et par leur attachement aux rits, servir de modèles aux peuples, ils sont tous occupés de leur faste et de leurs plaisirs. Ils bâtissent des maisons superbes : ils se font de vastes jardins et de grands étangs : ils nourrissent dans l’oisiveté une foule d’esclaves : ils raffinent tous les jours en habits : c’est à qui aura le plus de cloches, le plus de tambours, et un plus grand nombre de chanteuses. Enfin dans leurs chars, dans leurs habits, dans les mariages, dans les funérailles, et dans tout le reste, leur dépense est excessive. Ceux des magistrats et du peuple qui sont riches, suivent ce mauvais exemple, et cet abus passe en coutume.

  1. Nom de dignité immédiatement après celle de Vang ou roi.