Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/629

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sans crainte de guerre, il ne crut pas d’abord y devoir toucher : mais l’expérience lui fit voir que par la malversation des commis, le peuple en était fort incommodé, sans que l’État en tirât grand avantage. Cela lui faisait une vraie peine. C’est pourquoi il a laissé ordre en mourant, de casser le parti du sel et celui du fer ; d’abandonner l’un et l’autre au peuple ; moyennant cependant certains droits payables aux magistrats ordinaires des lieux selon l’ancienne pratique : en conséquence de cet ordre, nous faisons la présente déclaration, et ordonnons qu’elle soit publiée dans tout l’empire, afin qu’on y sache nos intentions, et qu’on s’y conforme.


A Ho ti succéda Chang ti enfant de trois mois. L’impératrice fut régente. Dans le livre d’où se tirent ces pièces, on en met une de cette princesse. En voici l’extrait.

Elle gémit sur la corruption des mœurs ; et l’attribue au peu de soin qu’on prenait d’étudier les King. Elle appelle des personnes de réputation, pour instruire les princes et les princesses du sang. On en comptait alors plus de quarante au-dessus de l’âge de cinq ans. Différentes écoles furent pourvues d’excellents maîtres, sur lesquels cette princesse ne dédaignait pas de veiller avec beaucoup d’attention. Elle en fit autant à proportion pour les jeunes gens de sa propre famille.


Vou ti premier empereur de la septième dynastie nommée Tsin[1], recommande qu’on lui donne des avis avec liberté.


Ce qu’il y a de plus difficile pour un officier, c’est de faire à son prince des remontrances. Si le prince se rend difficile, il ferme la bouche aux plus zélés et aux plus fidèles. Je ne puis y penser, sans pousser de profonds soupirs. Par une déclaration expresse j’ai ci-devant recommandé qu’on me donnât librement les avis qu’on jugerait m’être utiles. Je suis en effet résolu d’en profiter de mon mieux. Pour augmenter cette liberté, voici ce que je déclare : Pourvu qu’une remontrance soit bonne et utile pour le fond, quand elle serait mal conçue, quand même il y serait échappé quelque expression peu mesurée, je ne veux point qu’on en fasse un crime à l’auteur. Qu’on dissimule, ou qu’on pardonne. Et pour bien faire connaître à tout l’empire qu’on peut aujourd’hui sans danger donner des avis à la cour, J’ordonne qu’on élargisse Kong chao et Ki mou fou, qui m’ont si fort perdu le respect.

  1. J’écris le nom de la dynastie Tsin, sans g à la fin, quoiqu’il y dût être, pour distinguer cette dynastie de celle dont Chi hoang fut le fondateur. Ces deux caractères chinois sont très différents.