Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/660

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rentrer dans le devoir, ceux qu’il a corrompus par ses exemples. Aussi nos anciens et sages rois faisaient de leur conduite personnelle le principal ressort du gouvernement. C’est par là qu’ils réussissaient à corriger tous les abus, et à rendre vertueux leurs sujets. Dans des temps plus voisins du nôtre, quelques princes, sans pouvoir les égaler, les ont imités avec succès : pourquoi ne le ferais-je pas ? Vouloir inspirer à mes officiers l’épargne et la frugalité, la simplicité et la candeur à mes peuples, tandis qu’on me verra user d’étoffes recherchées, de broderies et de perles précieuses, c’est prétendre l’impossible[1]. Oui, je le reconnais enfin, c’est une vérité certaine, c’est au prince à donner l’exemple et je le veux faire.

Ce que j’ai de meubles d’or et d’argent, ou d’autres ornements de même métal, je les fais fondre pour le payement de mes troupes, et autres besoins semblables ; pour ce qui est de mes bijoux, de mes perles, de mes diamants, et d’autres choses de cette nature, qui sont assez inutiles, je vais sur-le-champ les jeter au feu devant mon appartement, pour marquer à tout mon empire que j’ai le luxe en horreur. Puisqu’un cœur droit et sincère, a le pouvoir de toucher Tien, (le Ciel,) je compte qu’il pourra aussi toucher mes sujets ; et qu’on obéira du moins à ceux de mes ordres qu’on verra soutenus de mes exemples. Qu’on commence par mon palais. Ordre aux reines et aux concubines, de porter désormais des habits, dont tout l’ornement soit la propreté. Défenses à elles d’user de perles et d’autres[2] ornements de prix. Je veux faire en sorte, s’il se peut, que l’or[3] ne soit pas plus estimé que la terre, du moins je veux bannir le luxe. La modestie, la frugalité, l’épargne, sont les moyens de subvenir aux besoins des peuples, je veux que ces vertus règnent dans mon empire. Que la présente déclaration soit incessamment publiée, et que tout le monde sache que telle est ma volonté.


La cinquième des années nommées Hoei tchang, Ou Tsong, un des empereurs de la dynastie Tang, publia l’ordonnance suivante.


Sous nos trois fameuses dynasties, jamais on n’entendit parler de Foë[4]. C’est depuis les dynasties des Han et des Hoei que cette secte qui

  1. Le chinois dit, c’est vouloir arrêter une eau bouillante, en augmentant le feu dessous ; et vouloir ne se pas mouiller, en se jetant cependant dans l’eau.
  2. Le chinois désigne un genre particulier d’ornement nommé tsou, fait de plumes d’un certain oiseau d’un violet rare et très estimé.
  3. Il fait allusion à ce que disait Kao ti, premier empereur de la dynastie Tsi : si je règne seulement dix ans, je ferai que l’or et la terre seront d’un égal prix.
  4. C’est le nom d’un sectaire des Indes, dont la secte passa aux Chinois peu après le temps de la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ.