Un officier vraiment fidèle et zélé ne fait point céder son zèle au temps, dans l’espérance de gagner la faveur du prince, ou par une mauvaise crainte de la perdre. Un vrai sage n’omet point ce qui est de son devoir par l’appréhension de mourir, ou par le désir de vivre. Quand donc il se trouve des défauts dans la conduite des princes, on a raison de s’en prendre en partie aux grands officiers qui dissimulent. Le feu empereur, en mourant[1] vous a confié conjointement avec le prince héritier le gouvernement de l’empire. Mais hélas ! Sous Yao même et sous Chun il se trouva un Kong kong et un Koen. Des brouillons ont mis la division entre vous et ce jeune prince. Je l’attribue au malheur des temps : mais d’autres l’attribuent à votre ambition. L’impératrice, dit-on, veut abattre les Li[2] et faire passer l’empire à d’autres. Autrement à l’âge qu’elle a, pourquoi ne pas laisser régner son fils ?
Ce que je dis moi, et ce qui me paraît certain, c’est que votre cour étant comme elle est, pleine de flatteurs, la porte étant fermée aux avis sincères, l’empire étant attaqué par les barbares, vos peuples souffrant ce qu’ils souffrent ; vous aurez peine à les sauver, et à vous tirer d’embarras. Cet empire que vous gouvernez, c’est l’empire de ces grands princes Yao, et Ven vang. Les Souy[3] qui dans ces derniers temps l’ont possédé, s’en