phénomènes. Soit que ce soit les fautes des princes qui les attirent, soit que ce soit de charitables avis de Tien dont le cœur est plein de bonté ; ils doivent également nous inspirer une crainte respectueuse. C’est dans ces sentiments qu’à la vue de ces prodiges je me rappelle que ci-devant mes armées étant dans le pays de Min et de Yué, les officiers et les soldats y ont commis de grands excès, sans respecter les volontés de Tien, et sans être touchés des besoins des hommes, ils ont ruiné l’agriculture, et réduit les peuples à l’extrémité. Quoiqu’ils l’aient fait sans mes ordres, et contre mes intentions, leur faute après tout retombe sur moi et je m’en reconnais coupable. C’est pour en témoigner mon repentir et pour la réparer en partie, que j’accorde une amnistie à tous les criminels de mon empire et que j’ordonne qu’on ait soin de secourir efficacement le pauvre peuple, particulièrement les gens sans appui.
Pendant les années nommées Hien te, que les Tcheou[2] régnaient encore, j’avais à peine seize ans, que je suivis à la guerre feu mon père, qui commandait les armées de l’empereur, et qui réduisit à l’obéissance Yang tcheou, Tai tcheou et d’autres places. Accoutumé de bonne heure à porter les armes, je combattis souvent contre les rebelles, et j’en tuai beaucoup de ma propre main. Mon frère qui pendant ce temps-là était occupé à réduire Lou ho, instruit par les lettres de mon père de mon courage et de ma conduite : bon, dit-il, nous avons un digne cadet. A dix-huit ans je l’allai joindre, et je l’accompagnai dans les fameuses expéditions de Kiao koan, Y tcheou, et Mo tcheou. Peu après mon frère étant monté sur le trône, eut deux guerres à soutenir successivement contre deux officiers rebelles. Il voulut marcher contre eux lui-même en personne. Il se repose sur moi du soin de défendre la capitale, et d’y maintenir tout dans l’ordre. Lui vainqueur et de retour, j’eus le commandement de ses principales troupes, et le gouvernement de Cai fong. On sait quelle y fut ma