Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/720

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ces actions procèdent en effet d’une résolution ferme et sincère. Rien ne résiste à cette sincérité, quand elle est parfaite. Les pierres même et les métaux lui ont cédé plus d’une fois. Le moyen que les hommes y résistent. Mais aussi, si elle vous manque, les apparences ne produiront rien. Non, vous ne remuerez point le moindre de vos sujets : bien moins pouvez-vous espérer de toucher Tien. Ne vous trompez pas, dit le Chi king, en disant : il est au-dessus de nous bien élevé, etc. Tout élevé qu’est Tien au-dessus de nous, il nous entend cependant et nous voit de près. Nos sentiments naissent à peine au fond de nos cœurs, que Tien dès lors en est instruit. Faut-il donc qu’il se présente à vos yeux sous une figure humaine, ou qu’il frappe vos oreilles par le son d’une voix sensible ? Je connais le peu que je vaux, et combien peu je vous suis utile ; mais je ne me crois pas pour cela dispensé de vous dire mes sentiments, et de vous exposer mes faibles vues. C’est à V. M. de les examiner à loisir, et d’en porter votre jugement.


Autre remontrance du même Se ma kuang au même empereur Yng tsong.


A la fin de la troisième lune de cette année, j’eus l’honneur d’exhorter V. M. à publier une déclaration capable d’ouvrir la porte aux avis. Ces jours-ci V. M. sachant que j’étais de retour à la cour, a eu la bonté d’ordonner qu’on me fît voir sur cela une déclaration minutée en date du cinquième jour de cette cinquième lune. On ne peut pas être plus sensible que je l’ai été à la première nouvelle que j’en ai eue. Outre qu’il m’était fort agréable d’apprendre que Votre Majesté avait bien voulu donner dans mes vues, l’avantage que j’en espérais pour tout l’État, était pour moi le sujet d’une bien plus grande joie. Mais en lisant cette minute, j’y ai trouvé, je vous l’avoue, des choses que je ne puis goûter. Plutôt mille fois mourir que de vous le dissimuler. Rien de mieux que le commencement et la fin de cette déclaration mais vers le milieu on lit ces paroles. « Que si quelqu’un en nous présentant des mémoires, des avis, ou des remontrances, parle par inclination, ou par intérêt oublie son rang, touche trop librement aux grands et secrets ressorts du gouvernement, rebat en d’autres termes des choses établies et pratiquées, affecte, pour se faire valoir, de s’opposer aux vues de la cour, se vend et se livre à la populace, en soutient les inclinations, et les abus, pour se faire une vaine réputation. Comme tout cela serait très nuisible, si on le laissait impuni, je ne pourrai me dispenser de faire en effet punir ceux qui s’en trouveront coupables. »

Prince, je l’ai toujours ouï dire, et il est vrai. Quand un sage prince traite avec bonté ses officiers, et témoigne compter sur eux, quand en