Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/777

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Tien nan fong, après avoir fait un fort long discours à l’empereur Chin tsong, où il lui donne divers avis sur le gouvernement, conclut en ces termes :


Quoique la famille Tcheou, avant que de parvenir à l’empire, se soit toujours distingué par la vertu ; quoique Ven vang et Vou vang par la même voie, aient glorieusement fondé la dynastie de ce nom ; c’est sous Tching vang leur successeur, que se sont faites ces belles odes, qu’on appelle Ya[1] et Song. C’est sous l’heureux et florissant règne de ce prince, qu’on dit, entre autres choses, en ces odes : Hoang tien aime en bon père, quiconque est solidement vertueux ; la sagesse et la vertu sont les offrandes qu’il agrée. Le dessein du poète, est d’inspirer à Tching vang par ces expressions énergiques, toute l’attention dont il a besoin pour ne pas dégénérer. Rien en effet n’est plus nécessaire au prince. Plus son règne est florissant, plus doit-il se craindre soi-même ; et ses sujets ne peuvent mieux lui marquer leur zèle, qu’en lui inspirant cette sage crainte. Aussi n’est-ce pas seulement sous la dynastie Tcheou, que cela s’est pratiqué : sous ces règnes si fameux du grand Yao et du grand Chun, le prince et ses grands officiers toujours attentifs à se rendre plus parfaits, se redirent sans cesse mutuellement : veillons, appliquons-nous, soyons attentifs ; un jour ou deux bien ou mal passés peuvent avoir de grandes suites. Souffrez, grand prince, qu’oubliant le peu que je vaux, parlant dans les mêmes vues que l’ancien livre des vers, et vous félicitant du plus heureux règne qu’ait vu la dynastie Song ; je vous félicite encore plus d’avoir si bien pénétré cette vérité : que Hoang tien aime en bon père quiconque est solidement vertueux, et que la sagesse et la vertu sont les offrandes qui lui agréent. Quelle joie n’est-ce point pour nous, de voir que cette persuasion vous rend attentif à suivre avec respect les vues de Hoang tien, qu’elle vous inspire une secrète crainte de vous en éloigner, qu’elle vous fait chercher en tout votre propre perfection et le bonheur de vos peuples, y travailler chaque jour avec une ardeur toute nouvelle, et rejeter loin de vous tout ce qui peut y mettre obstacle ! Reste à ne vous jamais démentir, c’est ce que me fait souhaiter mon zèle : et c’est aussi ce même zèle qui m’inspire de vous rappeler dans cette vue, cet endroit du livre des vers.

  1. Noms de deux chapitres du Chi king ou livre des vers.