Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/82

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quand ils sont satisfaits de l’équité de leur gouvernement ; les officiers en élèvent pour éterniser la mémoire des honneurs extraordinaires qu’ils ont reçus de l’empereur, ou pour diverses autres raisons.


Des portefaix ou voituriers.

Une grande commodité pour ceux qui voyagent par terre à la Chine, c’est la facilité et la sûreté avec laquelle leurs ballots se transportent. Il y a dans chaque ville un grand nombre de porte-faix qui ont leur chef et à qui l’on s’adresse : quand vous êtes convenu avec lui du prix il vous donne autant de marques que vous avez arrêté de porteurs, moyennant quoi, il vous les fournit à l’instant, et répond de tout ce que contiennent vos ballots. Lorsque les porte-faix ont rendu leur charge au lieu arrêté, vous leur donnez à chacun une marque, ils la portent à leur chef, qui les satisfait sur l’argent que vous lui avez payé d’avance.

Dans les lieux de grand passage, comme serait, par exemple, la montagne de Mei lin, qui sépare la province de Kiang si de celle de Quang tong, il y a dans la ville qu’on quitte, un grand nombre de bureaux, qui ont leurs correspondants dans la ville où l’on doit se rendre après avoir passé la montagne ; tous ceux, soit de la ville, soit de la campagne, qui se font porte-faix, donnent à ces bureaux leurs noms, avec une bonne et sûre caution. Si l’on a besoin de 200, 300, ou 400 porteurs, on les fournit. Alors le chef du bureau dresse en très peu de temps, une liste exacte de tout ce que vous portez, soit de coffres, ou de choses découvertes, il convient du prix par livre, tout se pèse, et vous lui donnez l’argent dont vous êtes convenu, qui est d’ordinaire d’environ dix sols par cent livres, pour le transport de la journée. Vous ne vous embarrassez de rien, le chef donne à chaque porte-faix la charge, avec un billet de tout ce qu’il porte : quand vous êtes arrivé au terme, vous recevez du correspondant tout qui vous appartient, avec une grande fidélité.

Ces porte-faix se servent de perches de bambous, au milieu desquelles ils suspendent le fardeau avec des cordes : à chaque perche, il y a deux hommes qui portent les deux bouts sur leurs épaules. Si le fardeau est trop pesant, on y met quatre hommes avec deux perches : on en change tous les jours, et ils sont obligés de faire les mêmes journées que ceux qui les emploient.

Quand un homme porte seul un fardeau, il trouve le secret de rendre sa charge bien moins pesante : il le partage en deux parties égales, et il les attache avec des cordes, ou avec des crochets, aux deux bouts d’une longue perche plate de bambous : ensuite il pose cette perche par le milieu sur son épaule, en sorte qu’elle se tient en équilibre à la façon d’une balance, elle plie et se relève alternativement, à mesure qu’il avance. Lorsqu’il est las de porter le fardeau sur une épaule, il fait faire adroitement un tour à la perche par dessus le col, et la fait passer sur l’autre épaule. Il y en a qui de cette manière portent de très lourds fardeaux : car comme ils sont payés à la livre, ils portent le plus qu’ils peuvent, et l’on en voit qui font dix lieues par jour, portant 160 de nos livres.

Dans certaines provinces, on se sert, pour transporter les ballots et les marchandises, de mulets, et encore plus souvent de chariots à une roue.